L’émouvant dernier hommage au docteur Sion Sitruk à Draguignan

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Un dernier hommage a été rendu ce jeudi au Dr Sion Sitruk, disparu le 3 octobre à Draguignan. Plus de 200 personnes étaient rassemblées au carré israélite du cimetière paysager. Émotion.

« Tous les éloges du monde ne suffiraient pas pour décrire qui il était ». Cette phrase du Rabbin de Fréjus Saint-Raphaël Meïr Altabé venu officier la cérémonie religieuse en dit long sur « l’homme » pour qui la foule s’était déplacée ce jeudi matin.

Âgé de 79 ans, le pédiatre à la réputation hors norme qui a vu naître et suivi plusieurs générations de Dracénois s’est éteint ce lundi 3 octobre, à son domicile, aux côtés de son épouse.

Afin de saluer sa mémoire, deux registres de condoléances étaient positionnés à l’entrée de la petite allée qui mène au carré israélite du cimetière paysager de Draguignan, dès 10 heures, ce jeudi. Chacun a pu y apposer son témoignage en hommage à « son » docteur Sitruk.

« Sion, c’était la paix »

Famille, médecins, personnel de santé, anciens et nouveaux élus représentants la municipalité dracénoise, membres des communautés israélites, commerçants ou parents (1), tous ont souhaité saluer une dernière fois le professionnel au diagnostic implacable, le confrère, l’ami, l’homme de foi.

Tout juste arrivé de Tel- Aviv, Eliahou Sitruk, fils de l’ancien Rabbin Joseph Sitruk se souvient: « Il nous a appris que la mort est un parcours de la vie, c’était la voix positive ».

D’autres étaient simplement là pour honorer la mémoire de celui qu’ils surnommaient « Tonton Sitruk ». Entourée et réconfortée par ses enfants et petits-enfants de blanc vêtus, Jany Sitruk, son épouse depuis 54 ans, a pu entendre les nombreux témoignages d’amour et d’affection qui se sont succédé tout au long de la cérémonie.

À commencer par le discours du Rabbin Altabé: « Avec un simple sourire, il arrivait à tout changer. Il aimait la paix et il allait la chercher. Sion, c’était la paix! Shalom, Shalom, Shalom! » 

Autre moment poignant, ce message lu par sa petite-fille Léa, la voix tremblante, au nom de tous ses petits-enfants: « Tu nous as appris ce qu’était la religion en nous donnant le choix… Pour nous, ta vie a commencé avec la nôtre… Tu es notre papy… Notre chagrin est à la hauteur de ton amour ».

De son côté, les yeux remplis de larmes, Olivier Sitruk, comédien et fils du docteur a néanmoins réussi à faire sourire l’assistance en citant la dernière blague « juive » racontée récemment par son papa. Un sacré personnage ce Tonton Sitruk! Et de poursuivre: « Avec maman, vous nous avez montré l’amour. Tu nous as indiqué la direction à prendre dans la vie, entre douceur et sévérité, on est fiers d’être tes enfants!« .

Pour l’ancien bâtonnier, Gérard Sabater, qui soulignait 40 ans d’amitié avec le docteur, l’émotion était tout aussi palpable: « Tu étais plus qu’un pédiatre, tu étais l’homme des enfants… Un berger bienveillant, tu étais pudeur et amour… Je peux te chuchoter que tes enfants sont tous rassemblés aujourd’hui, nous sommes aux pieds du grand escalier de pierre ».

Puis l’inhumation s’est poursuivie dans la pure tradition israélite.

« Il savait désamorcer les situations difficiles.

De nombreux Dracénois rassemblés au carré israélite avaient pour chacun, l’envie de raconter « leur » Dr Sitruk. Morceaux choisis :

« Je ressens beaucoup d’émotion et de tristesse, je l’ai connu dès son arrivée à Draguignan ».
Marcelle Monzat, ancienne conseillère municipale et présidente de l’Adapei durant 32 ans

« C’est une figure qui s’en va »
Dr Flandin, ancien radiologue

« Il a vu naître mes petits-enfants, il était tellement agréable. Si on ne le voyait pas, on l’entendait » [Rires]
M. Venturini, ancien commerçant dracénois

« C’était un mec brillant et tellement drôle. Il rassurait ses équipes, c’était le papa, il savait désamorcer les situations difficiles. Et cette blague devant une machine à café en panne : « Même la machine est antisémite » disait-il » [Rires de nouveau]
Marianne Pezeret, chargée de communication au Centre hospitalier de la Dracénie.

« C’était un voisin extraordinaire, l’affection en personne. »
Marie-Paule Dahot, cadre de santé

« Je ressens beaucoup d’émotion, Sion était un ami sincère, profond, toujours à mes côtés. C’est d’ailleurs avec lui, pendant ma mandature, que nous avons étudié le projet de carré israélite au sein du cimetière paysager. Il fallait envisager un accès à part. Avant, les défunts de la communauté juive étaient enterrés à Fréjus. C’était un grand bonhomme, il savait rassurer les gens ».
Max Piselli, ancien maire de Draguignan

« Il écrivait toutes sortes de bêtises sur les carnets de santé de mes enfants, du genre “Champion du gargouillis” ou “Casse C.…, mais superbe” » [Rires]
Pascale, maman de Théo et de Nathan 

1. Étaient également présents le Rabbin Albert Perez, représentant l’association cultuelle Israélite (ACI) de Fréjus, et Pierre Keiflin, actuel président de la communauté israélite de Draguignan