Sylvain Boukobza est président de la communauté israélite de Lens depuis 2016. Il travaille à la restauration d’une synagogue pour tenter de recréer une dynamique autour de la communauté juive.
« Je suis rentré dans la communauté en 2002. Mais elle existait depuis l’avant-guerre, vers les années 1930″, expose Sylvain Boukobza. À 79 ans, celui qui vit à Liévin gère depuis 2016 la présidence de la communauté israélite de Lens.
« On est une quinzaine de personnes à cotiser pour l’association. J’ai énormément de mal à faire revivre cette communauté, ça m’a d’ailleurs coûté quelques problèmes de santé » reconnaît l’intéressé.
La synagogue rénovée…
Car l’histoire récente de la communauté israélite lensoise est loin d’être radieuse. Désignée pour regrouper les communautés issues de Lens mais aussi de ses environs, dans un rayon de 20 kilomètres autour de Lens, précise le président, l’association peine à renouveler ses membres.
« Ils sont beaucoup d’anciens dans la communauté. J’ai eu une instruction très religieuse, mais les jeunes sont un peu moins dans cette optique aujourd’hui. J’aurais bien voulu qu’ils soient plus fidèles, mais on ne peut pas forcer les gens » raconte Sylvain Boukobza.
Et pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé. Après avoir acheté un bâtiment rue Casimir-Beugnet dans les années 1950, censé accueillir une synagogue, la communauté a failli le vendre et cesser son activité il y a une quinzaine d’années. « Ils trouvaient qu’il n’y avait plus personne, que la communauté était désertée. Je me suis fermement opposé à cette fermeture. » Le président s’est donc lancé dans la restauration complète de la synagogue, mais aussi du cimetière de la communauté, situé dans la commune voisine d’Éleu-dit-Leauwette, rue de l’Église et dont l’association est propriétaire.
Avant de devenir un musée?
De quoi recréer une petite dynamique autour de la communauté juive à Lens. Avant 2016, la synagogue était ouverte une fois par an. Maintenant, on peut ouvrir 6-7 fois par an, pour les grandes festivités. Là, on a des gens qui se déplacent, confie le président de l’association. Cependant, Sylvain Boukobza reste inquiet pour l’avenir de la communauté.
« Aujourd’hui, de plus en plus de Juifs lensois se rapprochent de Lille, où il y a une communauté plus grande et plus active. Après moi, personne ne veut reprendre les fonctions de président à Lens. »
Pour éviter de tomber dans l’oubli, un projet a alors vu le jour : transformer la synagogue en musée. C’est en cours, mais on réfléchit à céder l’immeuble au mémorial de la Shoah de Paris, qui s’occuperait de restaurer entièrement le bâtiment. Il serait ouvert à tous les visiteurs et aux lycéens comme outil pédagogique, ambitionne le président de la communauté lensoise.
En attendant, l’association manque de fonds pour achever les restaurations. « On a déjà dépensé entre 7 et 8 000 euros, mais on manque de trésorerie. Il y a encore des travaux à faire ici et au cimetière, pour environ 4 000 euros. J’ai fait un appel aux dons, mais ça n’a rien donné. J’essaye, avec du mal, de recréer un noyau pour que cette communauté revive. Je vais le faire, je ne sais pas encore comment, mais je vais y arriver », conclut Sylvain Boukobza.