L’institution avait donné raison le 9 septembre à l’université Yeshiva de New York, qui ne voulait pas agréer une association étudiante LGBTQ. Elle considère désormais que l’établissement n’a pas épuisé tous les recours au niveau de l’Etat.
La Cour suprême des Etats-Unis est revenue, mercredi 14 septembre, sur sa décision favorable à une université juive qui refuse de donner le statut d’association étudiante à un groupe de jeunes homosexuels, bisexuels et transgenres. Saisie en urgence, la haute juridiction avait suspendu vendredi la décision d’un juge ordonnant à l’université Yeshiva de New York d’enregistrer le club étudiant Yeshiva Pride Alliance à la rentrée 2022.
Elle a finalement jugé que l’établissement n’avait pas épuisé tous les recours disponibles au niveau de l’Etat et a annulé son premier arrêt. Si l’université n’obtient pas gain de cause à ce niveau, « elle pourra revenir devant cette cour », ajoute-t-elle toutefois, laissant entendre que le bras de fer judiciaire est loin d’être terminé.
Quatre de ses magistrats – sur neuf – se sont dissociés de cette décision. « Le premier amendement garantit le libre exercice de sa religion et (…) interdit à l’Etat d’imposer sa propre lecture des Ecritures saintes », plaident ces juges conservateurs. « C’est notre devoir de protéger la Constitution, même si c’est controversé », poursuivent-ils.
Large débat autour du respect des libertés religieuses
L’université Yeshiva, fondée à la fin du XIXe siècle « pour promouvoir l’étude du Talmud », accueille environ 5 000 étudiants et dispense des cours dans des matières aussi variées que la biologie, la psychologie ou la comptabilité. En 2018, des étudiants LGBTQ (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et queers) ont formé le groupe Yeshiva Pride Alliance et ont cherché à devenir une association agréée par l’établissement afin de pouvoir, entre autres, organiser des conférences ou des réunions.
Saisi par les étudiants, un juge new-yorkais leur avait donné raison au nom d’une loi locale interdisant les discriminations. Les responsables de l’université s’étaient alors tournés vers la Cour suprême. « En tant qu’université juive profondément religieuse, Yeshiva ne peut pas se plier à cet ordre parce qu’il viole ses convictions religieuses sincères sur les valeurs de la Torah à transmettre aux étudiants », plaidait-ils dans leur recours.
Cette confrontation s’inscrit dans un large débat aux Etats-Unis sur l’équilibre entre le respect des libertés religieuses et les principes de non-discrimination. Autorisation de prières sur les terrains de sport, de subventionner des écoles confessionnelles ou d’afficher un drapeau chrétien sur une mairie : la Cour suprême, profondément remaniée par l’ancien président Donald Trump, a rendu ces derniers mois plusieurs décisions qui penchent en faveur des religions.
En juin, elle a également révoqué son arrêt garantissant le droit à l’avortement, combattu pendant près de cinquante ans par la droite religieuse.