Ancêtre des jeux de dés, le jeu d’osselets serait l’un des plus anciens divertissements de l’humanité. En témoignage un assemblage d’osselets « tout à fait unique, en particulier de par sa grande quantité, sa bonne qualité et ses nombreuses inscriptions », comme le décrivent les chercheurs, datant de l’Antiquité et révélé sur le site archéologique de Maresha.
Avez-vous déjà joué aux osselets ? Ce jeu d’adresse et de hasard vous rappellera peut-être des souvenirs de cours de récréation. Mais saviez-vous qu’il était déjà joué dans l’Antiquité, en Grèce, en Italie ou encore en Égypte ? Il portait alors le nom d’ »astragalos » (astragales), pour « os du talon », puisque les osselets provenaient alors de la patte avant du mouton — même si plus tard ils pourront être en ivoire, en bronze, en argile, en argent, en or… ou en plastique.
L’un de ces assemblages d’osselets datant de l’époque hellénistique (Grèce antique, entre 323 et 33 av. J.-C. ) a récemment été retrouvé dans le parc national de Bet Guvrin-Maresha, dans le sud d’Israël. Une découverte rare et unique, décrite dans un article de la revue archéologique britannique Levant (The Journal of the Council for British Research in the Levant) de mai 2022.
Des osselets utilisés pour le jeu
Au total, 530 osselets ont été dénichés dans l’immense complexe de grottes souterraines de l’ancienne ville de Maresha, par l’équipe d’archéologues de l’Autorité des antiquités d’Israël (Israel Antiquities Authority). Fabriqués à partir d’os de chèvres, de moutons et de bovins, ils auraient été utilisés par les femmes et les plus jeunes, de la même manière que des dés. Certains étaient même perforés ou remplis de plomb pour un lancé plus efficace. Sur d’autres étaient gravés des instructions de jeu (« stop », « tu es cuit ») ou encore des rôles (« voleur »). De tels jeux sont d’ailleurs souvent enterrés avec des restes d’enfants, indiquent les chercheurs. Des cubes, par exemple, pouvaient les accompagner vers l’au-delà.
Un rôle cultuel important
D’autres osselets encore portaient des noms de dieux grecs associés aux désirs humains, par exemple Aphrodite et Héra (déesses de la fertilité), Eros (dieu de l’amour), Hermès (dieu de la chance), Niké (déesse de la victoire). Des preuves, selon les experts, qu’ils servaient aussi à la divination. « Puisque les astragales symbolisent la bonne fortune, il était de coutume de les enterrer sous le seuil de la maison, dans l’espoir qu’ils apportent chance et prospérité », explique ainsi dans un communiqué le Dr Lee Perry-Gal, zooarchéologue (étude des restes animaux) de l’Université d’Haïfa.
Les osselets ont d’ailleurs été retrouvés à côté d’ostracas (tessons de poterie utilisés comme support d’écriture), portant des sortes d' »incantations magiques » écrites en araméen. Une découverte qui ne fait que renforcer le rôle qu’ils pouvaient avoir dans le culte des différentes populations de l’époque. « Cette recherche fascinante met en lumière la vie et les coutumes dans le monde antique et nous rappelle que les gens sont des gens ordinaires partout dans le monde. Ils rêvent et espèrent, et malgré la dureté de la vie quotidienne, ils trouvent du temps pour jouer et se détendre », conclut ainsi Eli Eskosido, directeur de l’Autorité des antiquités d’Israël.