A gauche, la colonisation a remplacé la Shoah dans la hiérarchie des indignations collectives. Abnousse Shalmani, est née à Téhéran est une journaliste, réalisatrice et écrivain française.
« Quand demain reviendra la lumière, ce voyage se prolongera sur la route qui relie mon enfance à Rosa, mon fils à la Shoah », étais-je en train de lire la veille de la commémoration de la rafle du Vel’ d’Hiv’ durant lequel 17 000 juifs ont été raflés et déportés. Joachim Schnerf, dans un roman aussi efficace que poétique, intense qu’indispensable, Le Cabaret des mémoires, raconte la dernière nuit solitaire d’un jeune homme, dans le silence de la mémoire, avant l’arrivée de son premier enfant le lendemain. Petit-fils de déportés, il n’a rencontré qu’une seule fois sa tante Rosa, dernière survivante d’Auschwitz, qui a préféré quitter l’Europe et sa famille pour fonder un cabaret dans le désert texan, où chaque soir, « avant que le rideau retombe, elle énumère tout ce dont elle n’aura pas la force de parler mais qu’il ne faudra jamais oublier : la rafle, les wagons, la sélection, sa mère à l’entrée de douches. Et l’odeur. (…) Chaque soir dans une tenue différente, Rosa aux identités infinies liste sans raconter, elle nomme, martèle, pour qu’on ne puisse jamais nier ».
A mon réveil le lendemain, je découvre l’étendue du déni – qui semble devenu un élément de langage de la gauche au même titre que l’anticapitalisme primaire : Olivier Faure, Mathilde Panot, la Mairie du XXe arrondissement parisien commémorent la rafle du Vel’ d’Hiv’ en omettant le mot « juif », remplacé par « individu » ou « personne », ou en comptant des « LGBTQ » dans le convoi, préférant les parallèles plus que douteux entre le maréchal Pétain et le président Macron, ou rappeler la complicité réelle du gouvernement de Vichy, donc de la France, dans un exercice dorénavant quotidien d’autoflagellation mémorielle. Seulement voilà : la rafle du Vel’ d’Hiv’ n’a concerné que des juifs. Le doute n’est plus permis : la gauche d’aujourd’hui a totalement intégré l’antisémitisme à la Corbyn . Autrement dit une forme d’antisionisme qui déteint largement sur la communauté juive nationale. Autrement dit : l’effacement du juif, confondu avec l’homme blanc dominant, soit l’Israélien. Autrement dit : le nouveau négationnisme.
Certes, il existe encore des négationnistes « à l’ancienne » en Occident, en Europe, en France. Non seulement ils se font rares, mais surtout ils ont trouvé mieux : d’abord le relativisme et depuis peu le déni.
Le nouveau visage du négationnisme
Tout a commencé avec le parallèle sans cesse renouvelé entre le sort des Français juifs durant la Seconde Guerre mondiale et la situation des Français musulmans aujourd’hui. D’abord un tic de langage absurde qui abreuvait les discours de la gauche indigénisto-islamiste, puis de la gauche tout entière, avant d’être matérialisé par une étoile jaune indigne lors de manifestations de la honte qui défilaient pour « dénoncer » la chasse aux musulmans. Existe-t-il un seul enfant français musulman interdit d’école, de parc, de bibliothèque à cause de sa religion ? Existe-t-il un seul corps de métier, un seul lieu, un seul service public interdit aux Français musulmans ? Existe-t-il un seul document qui liste les Français musulmans ? Existe-t-il un seul camp où sont regroupés les Français musulmans ? La Shoah était ainsi réduite à la « tragédie » du refus en France du port du voile pour les mineures, de la viande hallal dans les cantines ou de la lutte contre l’islamisme qui tue.
Puis est venu le déni avec la vague woke. Le juif est devenu le blanc – donc inapte à subir une quelconque oppression. La colonisation a remplacé la Shoah dans la hiérarchie des indignations collectives. Israël est devenu le pays de l’apartheid et cela sans tenir compte de la réalité – l’existence des Arabes israéliens, du nombre d’étudiants, de médecins, d’ingénieurs etc. arabo-israéliens. Le complotisme au temps du Covid a emprunté le visage du juif devenu un agent de l’industrie pharmaceutique. Le refus de considérer qu’un juif puisse être victime d’antisémitisme meurtrier en Israël, comme en France, est ainsi devenu le nouveau visage du négationnisme.
A mon réveil le lendemain, je découvre l’étendue du déni – qui semble devenu un élément de langage de la gauche au même titre que l’anticapitalisme primaire : Olivier Faure, Mathilde Panot, la Mairie du XXe arrondissement parisien commémorent la rafle du Vel’ d’Hiv’ en omettant le mot « juif », remplacé par « individu » ou « personne », ou en comptant des « LGBTQ » dans le convoi, préférant les parallèles plus que douteux entre le maréchal Pétain et le président Macron, ou rappeler la complicité réelle du gouvernement de Vichy, donc de la France, dans un exercice dorénavant quotidien d’autoflagellation mémorielle. Seulement voilà : la rafle du Vel’ d’Hiv’ n’a concerné que des juifs. Le doute n’est plus permis : la gauche d’aujourd’hui a totalement intégré l’antisémitisme à la Corbyn . Autrement dit une forme d’antisionisme qui déteint largement sur la communauté juive nationale. Autrement dit : l’effacement du juif, confondu avec l’homme blanc dominant, soit l’Israélien. Autrement dit : le nouveau négationnisme.
Certes, il existe encore des négationnistes « à l’ancienne » en Occident, en Europe, en France. Non seulement ils se font rares, mais surtout ils ont trouvé mieux : d’abord le relativisme et depuis peu le déni.
Le nouveau visage du négationnisme
Tout a commencé avec le parallèle sans cesse renouvelé entre le sort des Français juifs durant la Seconde Guerre mondiale et la situation des Français musulmans aujourd’hui. D’abord un tic de langage absurde qui abreuvait les discours de la gauche indigénisto-islamiste, puis de la gauche tout entière, avant d’être matérialisé par une étoile jaune indigne lors de manifestations de la honte qui défilaient pour « dénoncer » la chasse aux musulmans. Existe-t-il un seul enfant français musulman interdit d’école, de parc, de bibliothèque à cause de sa religion ? Existe-t-il un seul corps de métier, un seul lieu, un seul service public interdit aux Français musulmans ? Existe-t-il un seul document qui liste les Français musulmans ? Existe-t-il un seul camp où sont regroupés les Français musulmans ? La Shoah était ainsi réduite à la « tragédie » du refus en France du port du voile pour les mineures, de la viande hallal dans les cantines ou de la lutte contre l’islamisme qui tue.
Puis est venu le déni avec la vague woke. Le juif est devenu le blanc – donc inapte à subir une quelconque oppression. La colonisation a remplacé la Shoah dans la hiérarchie des indignations collectives. Israël est devenu le pays de l’apartheid et cela sans tenir compte de la réalité – l’existence des Arabes israéliens, du nombre d’étudiants, de médecins, d’ingénieurs etc. arabo-israéliens. Le complotisme au temps du Covid a emprunté le visage du juif devenu un agent de l’industrie pharmaceutique. Le refus de considérer qu’un juif puisse être victime d’antisémitisme meurtrier en Israël, comme en France, est ainsi devenu le nouveau visage du négationnisme.