Michel Cymes sur son drame familial : « J’ai mis des mois à m’en remettre »

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Il a longtemps été l’animateur préféré des Français, toujours d’humeur joviale, et jamais à court de vannes potaches. Pourtant, Michel Cymes, aux commandes d’un nouveau numéro des « Pouvoirs extraordinaires du corps humain » sur France 2 ce mardi 12 juillet 2022, soigne encore ses plaies. Celles provoquées par une histoire de famille particulièrement douloureuse…

C’est sans aucun doute le médecin le plus célèbre du petit écran. Voilà de nombreuses années maintenant que Michel Cymes fait les beaux jours de France Télévisions, avec son tempérament rieur, toujours mis au service de son amour pour la science. Mais l’animateur se montre plus tendre lorsqu’il s’agit de parler d’un sujet ô combien important, même s’il réveille de vieilles douleurs familiales autour de l’histoire de ses deux grands-pères. Juifs polonais, les deux hommes ont été déportés et tués à Auschwitz durant la Seconde guerre mondiale.

Dans les années 20, alors que le monde sombre petit à petit dans l’obscurantisme de l’antisémitisme, les grands-parents de Michel Cymes trouvent refuge en France. Malheureusement, le répit ne dure qu’un temps. En 1942, le régime de Vichy les fait arrêter. Les deux hommes sont alors déportés au camp d’Auschwitz. Des années plus tard, en 2007, c’est sur ces lieux sanglants que Michel Cymes a observé son devoir de mémoire. Un voyage particulièrement douloureux même si nécessaire. « C’est bien d’en parler mais je n’arrive jamais à en parler sans émotion. C’est un voyage qui m’a bouleversé encore aujourd’hui » confiait-il en 2019, la gorge nouée par l’émotion au micro de France Inter. « Ce premier voyage à Auschwitz a été incroyable, j’ai mis des mois à m’en remettre. Mes deux grands-pères sont morts là-bas. »

Michel Cymes a toujours connu l’histoire de ses ancêtres. Avec le temps, il a pu prendre connaissance de certains détails, comme de la façon dont l’un de ses grands-pères est mort à Auschwitz : « J’ai su en allant là-bas à ce premier voyage, qu’il était mort un 4 septembre, officiellement du typhus. Mais je pense qu’il a été exécuté. En allant là-bas, vous voyez une salle dans laquelle des Allemands, qui avaient très peur du typhus, faisaient semblant d’examiner les patients et les exécutaient d’une injection dans le cœur. » C’est aussi pour honorer la mémoire de ses grands-parents que Michel Cymes a toujours été dans la transmission, pour que rien ne soit oublié. Ainsi, en 2018, dans un documentaire baptisé « Hippocrate aux enfers », le médecin (désormais à la retraite) avait décrypté les nombreuses atrocités médicales réalisées par des médecins nazis sur les déportés juifs, comme celles de Carl Clauberg : « Il était un gynéco de renom qui voulait stériliser les femmes, juives, pour éviter qu’elles ne se reproduisent. Et en même temps il ne fallait pas les tuer parce qu’elles servaient de main d’œuvre » expliquait-il alors.

« 75 ans après, je me suis mis à pleurer »

Pendant de nombreuses années, Michel Cymes a caracolé en tête du classement des animateurs préférés des Français. Une distinction dont il a toujours été très fier, encore plus compte tenu de l’histoire de ses grands-parents, qui avaient trouvé refuge en France avant d’être déportés. « Mon grand-père, un Cymes, a été arrêté par le pays qui, aujourd’hui, me classe dans le Top 50 de ses personnalités préférées. Je ne veux pas faire pleurer dans les chaumières, mais c’est un raccourci de l’histoire hallucinant. Cela me conforte dans ma démarche : parler de santé si possible en faisant sourire le téléspectateur, surtout dans une période où on a plus envie de pleurer que de rire. Je n’aurais jamais pensé faire partie un jour des cinquante personnalités préférées des Français. J’ai pris un coup de poing dans la figure, ça m’a déstabilisé « , confiait-il, toujours aussi ému, en 2016 sur le plateau de Vivement Dimanche.

Porté par l’honneur de cette distinction et l’amour du public, Michel Cymes avait tenu à célébrer ce moment en revenant aux sources, au plus proche de l’histoire des siens. « Je suis parti au gymnase Japy, dans le XIe arrondissement de Paris, là où mon grand-père polonais a été arrêté par la police française avant d’être déporté à Auschwitz. Je voulais partager avec lui ce message que le pays adressait à notre famille, soixante-quatorze ans après sa mort, et je me suis mis à pleurer.  » Un beau geste, ô combien symbolique…