La famille de Ludwig Warum, une des premières victimes de la Shoah, demande au Musée d’Israël de lui restituer un manuscrit qui lui a été volé par les nazis.
Les héritiers du politicien allemand Ludwig Marum (1882-1934), victime de l’Holocauste, appellent le Musée d’Israël à leur rendre un manuscrit médiéval qui appartenait à leur aïeul avant d’être volé pendant la Seconde Guerre mondiale.
Eli Barzilai, Dominique Avery et Andrée Fischer, descendants de Ludwig Warum, ont porté plainte pour « possession illégale » d’un bien provenant d’un vol auprès de la Cour Suprême de l’État de New York, en vertu de la loi HEAR (Holocaust Expropriated Art Recovery Act).
Le manuscrit a été réalisé dans la région du Bas-Rhin au début du XIVe siècle. Il est d’une grande valeur, selon la famille de Ludwig Marum, qui l’estime à environ 10 millions de dollars. Il contient la Haggadah de Pessah, un texte rituel hébraïque qui célèbre la Pâque juive. Ce qui fait sa rareté c’est son illustration : des figures humaines aux têtes d’oiseaux inhabituelles.
Offert à Ludwig Marum en cadeau de mariage, le manuscrit lui a été volé en 1933, lors de son arrestation suivie de sa déportation au camp de Kislau. Il a disparu quelques années puis a réapparu en 1946, au Musée national de Bezalel devenu Musée d’Israël (en 1965) à Jérusalem. Il lui a été vendu pour « 600 dollars » dans le cadre d’un « accord clandestin » avec un homme qui faisait le « commerce d’objets de valeur aux origines douteuses », rapporte la plainte.
La famille de Ludwig Marum affirme avoir plusieurs fois invité le Musée d’Israël à leur rendre le manuscrit. Elle l’accuse d’avoir « retiré et détruit » la page de garde du manuscrit qui pouvait prouver que leur aïeul en était bien le propriétaire. Elle lui reproche de ne pas avoir mené une enquête sur la provenance de l’œuvre et son parcours pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le porte-parole du Musée d’Israël regrette une telle action en justice. Elle va, selon lui, contre la volonté d’Elizabeth, la petite-fille de Ludwig Marum, qui, en 1984, aurait écrit au musée pour lui faire part de sa volonté de laisser le manuscrit au musée d’Israël et « au profit du public ».