Israël : un chanteur ashkénaze bien anti-séfarades, les insulte en public

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Incroyable mais vrai : le musicien Shlomo Gronich a insulté violemment les sefaradim lors de son concert au festival d’Ein Gev mardi, les traitant de « tchakhchah ».

Selon un tweet du conseiller stratégique et ancien porte-parole de Tsahal, Avi Benyahu, Gronich s’est adressé au public lors de sa performance au festival et a déclaré : « Vous êtes un grand public, un public tel que je le veux. Vous êtes tous des Ashkénazes qui chantent magnifiquement, et il n’y a pas une seule racaille. » (tchakhchakh, mot bien connu et bien méprisant de l’argot israélien)

Cette insulte à toute la population séfaradite du festival d’abord, et de tout le pays ensuite, a provoqué un tollé de protestations.

Le ministre de la Culture et des Sports, Hili Troper, a déclaré : « Je suis attristé par les déclarations laides, conflictuelles et inutiles de Shlomo Gronich ce soir. Nous aimons un public qui comprend tout le monde. Nous aimons tout le peuple d’Israël. C’était bien que Nesli Barda ait su affronter cet affront en temps réel et c’est bien que Gronich se soit excusé. »

Le président du parti Shas, Arye Deri, a réagi avec colère aux remarques de Gronich : « Le chanteur Shlomo Gronich au Festival d’Ein Gev a dit à son public ces mots : ‘Vous êtes un grand public. Tout le monde ici est   Ashkénaze et chante magnifiquement. Il n’y a pas un seul « tcakhtchakh » ici’. Une honte. Un racisme minable et écœurant. Gronich, tu es un homme ignoble. Et en plus : Comment se fait-il qu’il n’ait pas pas encore été expulsé de ce festival ? »

L’ancienne ministre de la Culture Miri Regev a tweeté : « Yifat Shasha Bitton, es-tu réveillé e? S’il te manque quelqu’un pour le prix d’Israël… »


La ministre de l’éducation, Yifat Shasha Bitton, a réagi sur twitter :  » Une déclaration malheureuse et laide qui n’aurait pas dû être prononcée, le genre de déclarations qu’il est temps de ne plus jamais entendre. Le peuple d’Israël est une mosaïque sociale riche et merveilleuse et c’est aussi la source de notre force et de notre pouvoir. »


Le chef du Conseil régional de la vallée du Jourdain et président du Festival d’Ein Gev, Idan Greenbaum, a fermement condamné les propos de Gronich : « La direction du Festival d’Ein Gev condamne de fermement les propos de Gronich. Toute déclaration qui dénigre un public ou un autre est invalide et nous ne l’acceptons pas. L’invité du festival a été appelé à s’excuser et à condamner ses propos sur scène devant le public et les auditeurs à la maison, et nous présentons également nos excuses. Ce n’est pas la façon d’être du festival d’Ein Gev et ce n’est l’esprit d’aucun événement dans notre pays. Cette déclaration blesse l’esprit du festival et nous la rejetons et la condamnons avec dégoût. »

L’animatrice de la soirée, la présentatrice Nesli Barda, a déclaré : « Vous n’avez pas remarqué que tout le peuple d’Israël est assis ici dans le public et c’est pourquoi ce public est si beau et les chansons appartiennent à tout le monde – à Gronich, à Barda, à tout le monde. »


Gronich est revenu sur scène immédiatement après et a déclaré : « Je veux m’excuser auprès de vous tous. Je n’aurais pas dû dire ça, ça vient de sortir. Désolé. » Excuses pourries. C’est juste un ashkénaze qui se croît encore au temps d’une domination qui a pris fin, d’un mépris et d’une exploitation de la main d’œuvre séfarade dont il devrait juste avoir honte.

Gronich a écrit plus tard sur Facebook : « Après cette déclaration intempestive que j’ai eue lors de ma performance au Festival Ein Gev – je m’excuse vraiment pour ma stupidité. Je ne sais pas d’où j’ai tiré cette mauvaise blague. Je m’excuse du fond du mon cœur. Au vu de mes collaborations au fil des ans, je ne peux pas être suspecté d’être raciste. » Il s’est tellement fait agonir d’injures, par tous ceux qu’il avait injuriés, que sa page twitter n’existe plus, remplacée par une nouvelle page @GronichShlomo, et étonnamment sa page Facebook existe encore.


En septembre 2017, alors qu’il était sur le point de recevoir le prix du ministre de l’Éducation pour la culture juive pour l’ensemble de son œuvre, une plainte, qui était prescrite, a été déposée contre Gronich, concernant le harcèlement sexuel d’une jeune fille. Puis deux autres témoignages ont été publié. Néanmoins, il a été décidé de donner le prix à Gronich mais c’est sa femme qui est venue à l’événement et a reçu le prix. C’était avant #MeToo

Line Tubiana avec jpost