Deux festivals de musique organisés dans le Sinaï font grincer des dents en Égypte

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Un appel au boycott a été lancé contre ces deux festivals organisés dans le Sinaï où sont attendus un public international et de nombreux Israéliens.

Les festivals de musique Grounded et Nabia s’ouvrent dimanche en Égypte mais ils suscitent déjà un tollé: non pas pour leur programmation mais parce qu’ils sont organisés par des Israéliens. Les organisateurs voulaient attirer un public israélien jeune et branché profitant des vacances de Pessah, la pâque juive, pour se rendre dans la péninsule du Sinaï à 350 km à peine de Tel-Aviv. Mais les Égyptiens, eux, célèbrent au même moment la «libération du Sinaï», occupé de 1967 au 25 avril 1982 par l’État hébreu voisin.

Dès mercredi, la branche égyptienne du mouvement Boycott, désinvestissement, sanctions (BDS), qui prône le boycott d’Israël en raison de l’occupation des Territoires palestiniens, a appelé sur Twitter à boycotter l’hôtel Tolip de Taba présenté par les organisateurs de Nabia comme hôte de leur festival. Contacté par l’AFP, l’établissement a assuré n’accueillir aucun événement. «Comme chaque année nous nous préparions à célébrer (…) les histoires de la résistance héroïque, écrit BDS Egypt. Mais nous avons découvert que l’occupation sioniste revenait au Sinaï!»

Touristes et festivaliers israéliens ne sont pas rares dans le Sinaï. En 2019, avant le début de la pandémie de coronavirus, plus de 700.000 d’entre eux s’étaient rendus en Égypte selon l’ambassade israélienne au Caire, principalement dans les stations balnéaires et de plongée de la péninsule désertique, aux tarifs bien plus attractifs que ceux pratiqués à Eilat, de l’autre côté de la frontière. À partir de dimanche, des vols directs de la compagnie nationale israélienne relient même Tel-Aviv à Charm el-Cheikh, dans le Sinaï.

Mais ce qui pose problème aux internautes égyptiens, c’est le calendrier de ces événements qui rassemblent des artistes israéliens et internationaux de musique électro. «Ces fêtes ont lieu pendant le mois sacré du ramadan», souligne Farah Mourad sur Facebook, et «à l’approche de l’anniversaire de la libération du Sinaï». Et surtout, ajoute-t-elle, «alors que les forces israéliennes agressent les Palestiniens qui prient dans la mosquée al-Aqsa» à Jérusalem-Est, secteur occupé par l’État hébreu, où plus de 150 Palestiniens ont été blessés dans des heurts vendredi.

L’Égypte est le premier pays arabe à avoir reconnu Israël en 1979. En échange, elle a récupéré le Sinaï. Les deux pays ont récemment renforcé leurs relations. En septembre, Naftali Bennett a été le premier ministre israélien à visiter l’Égypte en 10 ans, avant de revenir en mars.

Source lefigaro