Israël face à une vague d’attentats, par Danièle Kriegel

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En moins de huit jours, trois attaques en plein cœur de villes israéliennes ont fait onze morts. Leurs auteurs sont passés sous les radars du renseignement.

« Brise-vague« , c’est le nom donné à l’opération déclenchée par l’armée et l’ensemble des services de sécurité israéliens après les trois attentats en moins de huit jours dans les villes de Beer-Sheva (sud du pays) d’Hadera (nord de Tel-Aviv) et de Bnei Brak (banlieue ultraorthodoxe près de Tel-Aviv). Des attaques en plein cœur de villes israéliennes qui ont fait onze morts, huit civils, deux jeunes gardes-frontières, dont une Franco-Israélienne, et un policier. Comme son nom l’indique, il s’agit de briser ce qui apparaît comme une nouvelle vague de terrorisme.

Dès aujourd’hui, des unités spéciales ont pénétré dans le camp de réfugiés de Djenine, d’où serait venu le Palestinien auteur de l’attaque au fusil-mitrailleur M16 dans les rues de Bnei Brak. Il s’agissait pour les militaires de procéder à des arrestations. Il y a eu des échanges de tirs. Trois Palestiniens ont été tués. Au même moment, à l’ouest de Bethléem, dans un autobus israélien, un Palestinien a grièvement blessé un Israélien à coups de tournevis. L’assaillant a été tué par un passager armé.

Les chefs du Shin Beth sur la sellette

En parallèle, à l’intérieur d’Israël, mais aussi en Cisjordanie, la police et l’armée ont interpellé des Arabes israéliens et des Palestiniens soupçonnés d’appartenir à l’État islamique. Il y a eu des dizaines d’interpellations. Les trois terroristes auteurs des attentats de Beer-Sheva et d’Hadera avaient prêté allégeance à l’EI. Deux d’entre eux avaient été condamnés à des peines de prison, l’un pour avoir séjourné en Syrie et l’autre pour avoir tenté de s’y rendre. Le Shin Beth, le service de sécurité intérieure, avait relâché sa surveillance, considérant qu’ils n’étaient plus dangereux. Aujourd’hui, les chefs de ce service sont sur la sellette. Tous les dossiers font l’objet d’une révision, d’où la vague d’arrestations préventives qui se déroule actuellement.

Fêtes religieuses

Reste que tout cela n’est pas le scénario auquel se préparaient les dirigeants israéliens. Ceux-ci craignaient surtout un remake des violences du mois de mai 2021. La sécurité devait être considérablement renforcée à Jérusalem-Est et en Cisjordanie en prévision du ramadan qui doit débuter à la fin de cette semaine, suivi de la Pâque juive, dans un peu plus de deux semaines, et à la même époque que les Pâques chrétiennes. L’armée accélère donc son renforcement en Cisjordanie. Cinq bataillons d’infanterie sont déployés sur ce territoire. En Israël même, la police et les gardes-frontières mobilisent leurs réservistes.

Dans ce contexte, le Premier ministre Naftali Bennett a lancé un appel aux Israéliens détenteurs d’un permis « pour qu’ils se déplacent toujours avec leur arme personnelle ». Mais, du moins pour l’heure, le cabinet de sécurité a décidé de ne pas annuler les mesures d’allègement prévues pour le mois de ramadan autorisant un plus grand nombre de fidèles palestiniens de Cisjordanie, voire de Gaza, à venir prier dans les saintes mosquées de la vieille ville de Jérusalem. Bien entendu, tout va dépendre du niveau d’alerte dans les jours qui viennent.

Danièle Kriegel

Source lepoint