« Ça a fait profondément vibrer en moi mon identité juive, dit-elle. J’ai essayé d’imaginer mes ancêtres dans cette situation, et (ce qu’ils seraient devenus) si des gens d’autres pays avaient aidé à les sauver. »
« Ça fait partie de notre histoire en tant que juifs […] Peu importe que les gens viennent d’Afghanistan ou d’ailleurs, ce sont des civils innocents qui se sont retrouvés dans une situation impossible […] Nous avons essayé de voir comment leur venir en aide », explique-t-elle, sans exclure d’aider d’autres personnes ailleurs qui seraient dans des situations similaires.
Sauver des vies
L’aéroport de Kaboul a été pris d’assaut en août 2021 par des dizaines de milliers d’Afghans cherchant à fuir la capitale afghane après la prise de contrôle des talibans, se remémorant leur régime cruel dans les années 1990. Nacht Philanthropic Ventures s’est alors immédiatement mobilisée.
Elle a contacté un ancien soldat américain ayant servi en Afghanistan, qui aidait des gens à gagner l’aéroport, et Stacia George, une ancienne employée d’USAID, l’agence américaine pour le développement, qui avait une liste de près de 300 personnes menacées à évacuer, parmi lesquels des défenseurs des droits humains, des scientifiques, des membres de minorités ethniques…
Mais le 26 août, le jour où ils devaient partir, un attentat suicide revendiqué par le groupe jihadiste État islamique (EI) a tué près de 200 personnes à l’aéroport. Stacie George et le vétéran ont alors organisé un transport en bus vers Mazar-i-Sharif, une ville au nord-ouest de Kaboul. L’ONG a aidé à financer le voyage, l’hébergement et la sécurité.
« La fondation a été incroyable […] en fournissant si rapidement des moyens nous permettant de sauver des vies », a déclaré Mme George.
« Pure humanité »
En janvier 2022, les 278 personnes emmenées à Mazar-i-Sharif avaient été mises à l’abri à travers le monde, selon l’ONG. En dehors des employés de la compagnie de bus, nul ne savait sur place que l’opération avait été financée par des juifs israéliens.
Parmi les personnes évacuées, Hamid, un ingénieur de 33 ans qui travaillait pour l’armée américaine, disait être menacé par les talibans. Il a été hébergé avec sa famille 23 jours à Mazar-i-Sharif avant de s’envoler vers les Émirats arabes unis puis le Rwanda, pays ayant accepté de les accueillir.
Pour cet Afghan, qui a appris plus tard que l’opération avait été financée par une organisation israélienne, ce qu’ont fait les Nacht est un acte « de pure humanité ». Inbar, qui a mené le projet, « ne connaissait aucun d’entre nous, ne savait rien sur nous » depuis Kigali. « Tout ce que nous pouvons dire c’est que nous ressentons une immense gratitude pour ce geste de bonté et espérons que les Nacht puissent encore aider d’autres personnes. »