Un gymnase de Paris porte désormais le nom de Victor « Young » Perez, sportif exceptionnel au destin tragique, victime de la Shoah.
Le gymnase de Bercy-Bastille, dans le 12ème arrondissement de Paris, a été renommé, jeudi 21 janvier 2022, gymnase Victor « Young » Perez. Retour sur l’histoire de ce jeune sportif juif franco- tunisien, figure mondiale de la boxe, mort à 33 ans au cours des marches de la mort qui ont suivi l’évacuation partielle du camp d’Auschwitz.
Avec l’inauguration du gymnase « Victor Young Perez », le souvenir de ce champion du monde de boxe amoureux de Paris, victime des lois raciales du gouvernement de Vichy et assassiné par les nazis, demeurera à jamais. Un combat gagné contre l’oubli. pic.twitter.com/nXlNhx3V7S
— Elie Korchia (@ElieKorchia) January 24, 2022
Champion de France de boxe puis du monde
La jeunesse de Victor Perez s’écrit en Tunisie où il naît le 20 mars 1911, dans le quartier juif de Tunis. C’est là qu’il est confronté très jeune à l’antisémitisme. Lors du pogrom organisé à l’encontre de la communauté juive tunisienne par des civils français et arabes, survenu au lendemain de la Première Guerre mondiale, il est caché sous son lit, avec son frère aîné Benjamin.
C’est en Tunisie qu’il découvre également la boxe. Âgé d’à peine seize ans, il se produit régulièrement contre d’autres jeunes amateurs et perçoit quelques petits cachets. Son nom apparaît régulièrement dans la rubrique sportive du quotidien Le Petit Matin. Puis, à la fin des années 1920, il part pour Paris. Il travaille comme vendeur de chaussures tout en s’entraînant à l’Alhambra, une salle située rue Oberkampf. À l’âge de 17 ans, il signe son premier contrat et livre son premier match professionnel au Central sporting club, rue du Faubourg-Saint-Denis, le 4 février 1928, contre un jeune Italien qu’il bat facilement aux points.
La Ville de Paris inaugure aujourd’hui un gymnase du nom de Victor ‘Young’ Perez, boxeur juif tunisien, plus jeune champion du monde des poids mouches de l’histoire de la boxe.
Déporté en 1943 à Auschwitz, il est forcé de boxer devant les SS et meurt lors des marches de la mort. pic.twitter.com/dYQpUwjs4T— Fondation Shoah (@Fondation_Shoah) January 24, 2022
Champion de France des poids mouches, il devient ensuite champion du monde de cette même catégorie le 26 octobre 1931, à l’âge de vingt ans. Il est accueilli en héros à son retour à Tunis. Il perd son titre un an plus tard.
Survivant d’Auschwitz
Mais son plus dur combat l’attend. Alors que sa carrière sportive est sur la pente descendante, il accepte un combat à Berlin en 1938, au lendemain de la Nuit de cristal. Le public allemand le hait, sans vraiment savoir qu’il est juif, et lui crache dessus, l’insultant et lui lançant toutes sortes de projectiles, tout en proférant des slogans antisémites. Vaincu aux points, il prend le premier avion pour Paris.
Faisant le choix de ne pas rentrer en Tunisie, malgré la déclaration de guerre de septembre 1939, il est arrêté le 21 septembre 1943, après avoir été dénoncé, et déporté de la gare de Bobigny vers le camp d’Auschwitz où il côtoie notamment Primo Lévi et le nageur Alfred Nakache.
Alors qu’il est l’un des rares survivants de l’horreur d’Auschwitz, il est abattu le 22 janvier 1945 d’une rafale de mitraillette par un boxeur SS qui l’avait affronté dans le camp.
14 ans après l’INSEP qui lui a dédié sa salle de boxe, la Ville de Paris a donc rendu hommage à ce sportif exceptionnel au destin tragique en donnant son nom au gymnase Bercy- Bastille, situé rue de Bercy dans le 12 ème arrondissement.