Neuf ans de prison ferme pour Aurélien Chapeau, militant néonazi

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Synagogue de Limoges
L’ex-militaire néonazi qui prônait le « djihad blanc », avait été arrêté juste avant son passage à l’acte contre des sites fréquentés par des juifs.

Le tribunal correctionnel de Paris a condamné vendredi à neuf ans de prison ferme Aurélien Chapeau, un ex-militaire adepte du néonazisme et des armes, jugé à Paris pour « entreprise terroriste individuelle », une peine sévère prononcée au vu « d’actes préparatoires » de « très haute intensité ».

Interpellé en mai 2020, cet homme de 38 ans, cuisinier dans l’armée reconverti en agent de sécurité, était soupçonné d’avoir diffusé des messages d’apologie du nazisme, acquis des armes et effectué des recherches sur des lieux de la communauté juive. La 16e chambre du Tribunal Correctionnel de Paris, a jugé l’ex- militaire « coupable de faits de préparation individuelle à la commission d’un acte de terrorisme ».

Cette peine, très légèrement en dessous de la peine maximale de 10 ans de prison ferme requise par le parquet, est assortie d’une période de sûreté des deux tiers. « Le tribunal ne lit pas les augures, nous ne sommes pas là pour savoir si oui ou non vous seriez passé à l’acte sans l’intervention des services de police », a déclaré le président du tribunal au moment de prononcer la peine.

Sous le pseudo « Ayatjouz « («I hate Jews », je hais les juifs), cet l’homme de 38 ans fréquentait depuis 2010 des forums de l’ultradroite, multipliait les messages menaçants et se mettait en scène au milieu de la panoplie des symboles néonazis et suprémacistes. Lorsqu’ils l’ont interpellé le 26 mai 2020 à son domicile à Limoges, les enquêteurs ont mis la main sur des couteaux, des poings américains ou des explosifs artisanaux, mais surtout sur trois armes à feu et des centaines des munitions correspondantes.

« Loup solitaire »

Selon les éléments de l’enquête, il avait effectué sur internet des recherches concernant des lieux fréquentés par la communauté juive à Limoges, mais aussi à Strasbourg et dans la région parisienne et publié sur des forums des captures d’écran de certaines adresses. Il avait déjà eu maille à partir avec la justice. En mai 2019, il avait été condamné à quatre mois de prison ferme pour des menaces à l’encontre de membres de l’association SOS-Racisme. Le procureur y voit le signe d’une « persistance » dans la trajectoire crescendo d’Aurélien Chapeau.

Selon lui, il « faut protéger la société », de cet homme qui n’est pas parvenu pendant le procès à justifier le fond de son idéologie, la mettant sur le compte de la bêtise. Le prévenu, qui a refusé l’accès aux soins psychologique en détention, représente « un danger réel » pour la société. L’accusé, profilé pendant trois jours comme « un loup solitaire », était jugé devant le tribunal correctionnel car la qualification d’association de malfaiteurs, qui l’aurait envoyé devant les assises, n’avait pas été retenue.

S’il est apparu pendant les auditions que l’ex-militaire avait bien tenté de prendre contact avec des groupes d’ultradroite, notamment les néonazis américains « Atomwaffen Division », ces contacts n’avaient pas abouti. Il comparaissait seul. L’intermédiaire qui lui a fourni des armes illégales sans connaître le contexte idéologique – et qui était absent du procès pour raison de santé – a lui été condamné à 20 mois d’emprisonnement dont cinq mois avec sursis.

Source sudouest