Les autorités israéliennes ont saisi des artéfacts très bien préservés remontant à l’époque romaine, qui auraient été volés à des soldats romains durant la révolte de Bar Kokhba au IIe siècle de notre ère.
Près de 2.000 ans après avoir été dérobé, un butin d’objets romains vient de refaire surface en Israël. Selon le communiqué de l’Autorité des antiquités israélienne (IAA), la découverte a été réalisée la semaine dernière lors d’une patrouille de police à proximité du quartier de Musrara à Jérusalem.
Les policiers ont repéré une voiture suspecte qui roulait à contresens dans une rue et sont intervenus pour la stopper et la fouiller. Dans le coffre, ils ont retrouvé un carton contenant plusieurs objets d’aspect antique. Et les spécialistes de l’IAA, appelés à la rescousse, n’ont pas tardé à confirmer leur nature.
Les artéfacts très bien préservés et finement ornés remonteraient à l’époque romaine. Parmi eux, figurent deux brûleurs d’encens et un pichet à vin, tous en bronze. Le dernier présente une représentation d’une scène de banquet avec un personnage incliné servant du vin. Le reste de l’inventaire comprend un bol orné en pierre ainsi que des centaines de pièces romaines.
Butin pillé
En Israël, il est relativement rare de dénicher de tels artéfacts en bronze. Selon l’IAA, le métal constituait en effet à l’époque un matériau cher et était fréquemment fondu pour être réutilisé. De telles découvertes interviennent ainsi généralement sur des sites archéologiques où les objets étaient délibérément conservés ou cachés après avoir été dérobés.
Et ce serait précisément le cas des pièces saisies par la police à Musrara. L’Unité de prévention contre le pillage de l’IAA suggère qu’elles proviendraient d’un complexe caché remontant à la révolte de Bar Kokhba et placé sous surveillance depuis quelques mois, près de Tarqumiya au sud de la Cisjordanie.
« Nous avons récemment identifié des fouilles archéologiques non autorisées sur un site datant de la révolte de Bar Kokhba« , a expliqué Amir Ganor, directeur de l’Unité de prévention de l’IAA. « Une opération a été lancée pour capturer les suspects mais ils ont malheureusement réussi à fuir. En fuyant, ils ont laissé des objets anciens similaires à ceux retrouvés » récemment à Jérusalem.
« Nous pensons que ces artéfacts […] ont été pris de ce site« , a-t-il appuyé. Selon les autorités, les pilleurs auraient apporté les pièces à Jérusalem dans le but de les vendre à un marchand d’antiquités.
Dérobés par des rebelles juifs
La révolte de Bar Kokhba a démarré en 132 et a duré plus de trois ans. Elle marque la seconde et dernière insurrection des Juifs contre l’Empire romain qui dirigeait la province à cette époque. Selon l’historien Dion Cassius, ce soulèvement aurait conduit à la mort de centaines de milliers de juifs et à la destruction de plusieurs villes et villages.
Durant l’insurrection, les rebelles ont dérobé de nombreux objets aux soldats romains. D’après les archéologues, les artéfacts n’étaient pas utilisés par les Juifs eux-mêmes dans la mesure où ils appartenaient au culte romain et étaient décorés de figures et de symboles païens. Par ailleurs, à cette époque, les Juifs ne pratiquaient déjà plus les rites d’offrandes et de brûlage d’encens.
« Ces découvertes antiques incarnent l’histoire du pays mais pour les pilleurs et les vendeurs, elles sont juste une marchandise, vendue au plus offrant par pure cupidité« , a déploré Eli Eskozido, directeur de l’IAA. « Il est extrêmement important de prévenir toute tentative de trafic illégal d’antiquités et de récupérer les découvertes précieuses pour les rendre au public et au pays« .
Une fois l’enquête et la procédure contre les suspects terminées, l’Autorité des antiquités israélienne projette de réclamer les artéfacts afin de les conserver et de mener davantage de recherches à leur sujet.