Il y a trois ans, lors de l’attentat du marché de Noël de Strasbourg le 11 décembre 2018, Mostafa Salhane, chauffeur de taxi, a été pris en otage par le terroriste Cherif Chekatt. Aujourd’hui, il veut venir en aide aux victimes et à leurs familles par le biais de son association.
C’est en mars 2020, juste avant le premier confinement, que Mostafa Salhane a eu l’idée de son association. Baptisée Ava, comme « Association victimes attentats », elle a pour but de venir en aide à toutes les victimes d’attentat et notamment, bien sûr, à celles de Strasbourg. « Un lieu d’écoute, d’aide pour les démarches administratives » explique le quinquagénaire, dont la vie entière a basculé il y a tout juste trois ans, le soir du 11 décembre 2018, quand le terroriste Cherif Chekatt est entré dans son taxi.
Après avoir tiré sur des passants et fait cinq morts dans les rues, en plein marché de Noël, le terroriste s’est en effet engouffré, revolver à la main, dans le véhicule de Mostafa Salhane. Blessé par balles, il le quitte un peu plus tard dans le quartier de Neudorf, où il sera abattu 48 heures après.
Reconnaître toutes les victimes
L’Ava a pour but également de se joindre à d’autres associations pour demander à l’Etat français de changer les règles du fonds d’aide aux victimes, « notamment ses critères d’indemnisations. Il y a pour l’instant des critères très précis qui excluent de ce fond des personnes qui sont pourtant détruites psychologiquement par les attentats, celles qui n’arrivent pas à apporter les preuves de leur souffrance. Je pense aux familles et aux proches« .
Mostafa Salhane se base sur sa douloureuse expérience : « Ma famille à moi a dû subir beaucoup de souffrances. Ma femme et mes enfants sont toujours suivis psychologiquement. Ma fille de 19 ans fait toujours des cauchemars sur l’attentat, mon fils de 13 ans est obligé de dormir avec sa mère. Un autre de mes fils a dû arrêter ses études pour trouver du boulot parce que financièrement ça n’allait plus dans notre famille puisque je n’ai pas pu reprendre mon activité. Bref, ils n’ont fait que subir et ne sont pas considérés comme victimes. Ce n’est pas normal« .
Témoigner dans les établissements scolaires
Dans toutes ces démarches, il est aidé par l’ancienne adjointe à la mairie de Strasbourg Chantale Cutajar : « Nous sommes en train de monter un dossier également pour que Mostafa et d’autres victimes de l’association puissent témoigner dans les établissements scolaires. Car c’est l’un des moyens de lutter contre la radicalisation et le terrorisme« .
La commémoration du troisième anniversaire de l’attentat du marché de Noël de Strasbourg, qui a fait cinq morts et dix blessés, a lieu ce samedi près de la stèle installée place de la République, en présence du Premier ministre Jean Castex.