Avec le développement du tourisme spatial, les dépositaires de l’autorité religieuse vont devoir se mettre d’accord sur le sujet.
Certains rituels religieux suivent le rythme du Soleil depuis des siècles. Les fervents se servent de l’heure où il se couche comme repère pour rompre le jeûne lors de fêtes comme Yom Kippour ou pendant la période du Ramadan. Ces préceptes religieux sont naturellement basés sur les conditions de vie terrestre, alors que se passera-t-il une fois que ces pratiques se dérouleront dans l’espace, où ces repères ne feront plus foi? Depuis la Station spatiale internationale (ISS), qui tourne autour de la Terre à plus de 27.000 kilomètres/heure, les astronautes assistent à seize levers et couchers de soleil par jour. Comment, dans ces conditions, continuer à pratiquer sa religion? À l’heure où Elon Musk et d’autres entrepreneurs veulent développer le tourisme spatial, la question est moins anecdotique qu’il n’y paraît.
Pour accompagner au mieux les astronautes, plusieurs rabbins ainsi que le Conseil national islamique de fatwa de Malaisie ont tenté de dessiner les contours des rituels en apesanteur.
Se caler sur un fuseau horaire terrestre
Lorsque Sheikh Muszaphar Shukor, le premier musulman pratiquant à séjourner à bord de l’ISS, s’est rendu dans l’espace en 2007, le Ramadan allait commencer. Afin de l’accompagner au mieux dans son périple et dans sa foi, le Conseil national islamique de fatwa de Malaisie a publié quelques directives spéciales. Lors du Ramadan, le jeûne peut être reporté jusqu’au retour d’un astronaute sur Terre, ont déclaré les imams. Si un musulman préfère respecter ce rituel depuis l’espace, il lui est recommandé de jeûner conformément au fuseau horaire de l’endroit où la fusée a été lancée. Pour ce qui est de la prière, l’obligation de s’agenouiller a été assouplie –la tâche étant difficile en apesanteur. Pour la réaliser face à la Mecque, les pratiquants doivent s’orienter au mieux, indique le conseil.
Du côté des rabbins, les érudits religieux ont du mal à se mettre d’accord. Aucune directive formelle n’a été formulée pour ce qui est de la célébration de Yom Kippour dans l’espace. Tout comme les imams, le rabbin David Golinkin, président de l’Institut Schechter d’études juives à Jérusalem, a écrit en 2002 que les astronautes doivent caler leur fuseau horaire sur celui du Texas aux États-Unis, où se situe la base de la NASA. Le rabbin Eli Kornfeld de Hunterdon a déclaré à CNN Business qu’il était d’accord avec les recommandations de Golinkin, mais que pour sa part il conseillait d’éviter d’accepter une mission spatiale lors de célébrations juives importantes. Afin de clore le débat, il a ajouté que si, un jour, des millions de personnes vivaient ou travaillaient à des kilomètres au-dessus de la Terre, la foi juive évoluerait et s’adapterait aux circonstances.
Fun fact, des célébrations religieuses ont eu lieu dans l’espace, notamment lors de la mission Apollo 8 en 1968. Buzz Aldrin et Neil Armstrong ont réalisé un rite de communion chrétienne après l’alunissage et avant de faire un grand pas pour l’humanité.