Alain Michel est un faussaire, par Tal Brutman

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Continuons donc avec le délirant papier sur l’antisémitisme de Vichy publié dans le Figaro (pas) Histoire par l’impayable Alain Michel, fort de ses analyses profondément étayées.

On apprend donc que « depuis les années 1980, la plupart des historiens se trompent en assimilant les lois xénophobes qui furent adoptées au cours de l’été 1940 […] à des lois antisémites ». C’est totalement faux et aucun document ne vient confirmer cela ».

Souci, c’est pas depuis les années 1980 mais plutôt depuis l’été 1940. Et vu que c’est faux, il faudrait qu’Alain Michel contact illico le colonel La Roque qui fin juillet 1940 écrivait : « l’afflux d’israélites apatrides chassés de l’Europe centrale et orientale [qui] a porté un très grave préjudice à la moralité, à la santé française. On s’en prend à la proportion exagérée d’israélites introduite, à certaines heures, dans les conseils du gouvernement et aux divers postes de commande de l’existence française. Tout cela est justifié ». Ou encore écrire à la rédaction du journal Le Temps qui publiait ceci : « Nous pensons d’abord que tel Suisse, tel Belge ou tel autre étranger, depuis longtemps établis chez nous, se sont conduits en vrais Français ; on commettrait une trahison si l’on s’avisait de les traiter en intrus […] Des Belges, des Piémontais sollicitaient, sans l’obtenir, la citoyenneté ; elle était au contraire accordée immédiatement, par le jeu des protestations occultes, à des indésirables ; et ces tristes sires faisaient fortune aux dépens des Français, ou bien ils s’efforçaient de devenir nos chefs spirituels et nos représentants devant l’univers ».

Et on pourrait multiplier ce type de citations. Evidemment tous ces contemporains se trompent et n’ont rien compris à Vichy. Vichy qui contrôle d’ailleurs étroitement la presse et ne voit aucun problème à ce que ces papiers louent son entreprise.

Alain Michel aime à clamer le « faux ». Les documents n’allant pas dans son sens sont forcément « faux » ou « erronés ». Ainsi, dans son ouvrage auto-édité il affirmait que jamais Vichy n’avait lancé le projet de statut des Juifs avant la fin du mois de septembre 1940. Ceci malgré l’abondance de documents établissant le contraire. Et donc, il suffisait de décréter que ces documents « n’étaient pas fiables », le tout sur une base de citations tronquées ou d’avis au doigt mouillé. Assez intéressant niveau méthodologique et pas sans rappeler certaines choses.

En revanche, le même qui aime à disqualifier les documents n’hésite pas à recourir à la fiction pour asseoir son récit idéologique. On apprend sous sa plume que la publication du statut le 18 octobre 1940 (adopté en conseil des ministres du premier octobre) serait dû à la volonté de Vichy « d’effacer les traces d’hésitations des origines ». Tiens donc. Non seulement cette affirmation ne veut rien dire, mais en outre elle ne repose sur aucun document. Mais en plus elle s’assoit allègrement sur les faits, étayés par des documents : le texte après avoir été adopté en conseil des ministres le 1er octobre a été adressé aux Allemands. S’en est suivi une série de discussions et propositions allemandes que Vichy a déclinées, avant de publier son texte. Au cas où, les références de ces documents se trouvent dans Au bureau des affaires juives, dont je suis l’auteur.

En appliquant la méthode Michel, qui manipule sans sourciller les faits, on peut affirmer que la loi du 22 juillet 1941 qui jette les bases de la spoliation n’ayant été publiée que fin août 1941, c’était pour effacer « les traces d »hésitation » de Vichy. Manque de bol, la création du CGQJ en mars annonce d’ores et déjà que l' »aryanisation » va être lancée. Tout comme fin août 1940 (période où selon Michel on ne trouve aucune trace de l’antisémitisme de Vichy) les autorités catholiques françaises sont sondées à propos d’un projet contre les Juifs par le gouvernement de Vichy.

En résumé, Alain Michel est un faussaire

Source facebook

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