Aujourd’hui, Laurie nous raconte le restaurant de mon enfance, Les Dunes, qui avec son voisin La Tour Blanche, symbolise la « dolce vita », en été, entre La Goulette et Raouad.
Je ne sais pourquoi cette soirée un peu fraîche réveille en moi un souvenir lointain d’une soirée passée aux « Dunes », en compagnie de mes parents. « Les Dunes », Restaurant chic, situé un peu en hauteur, sur une petite colline, d’où le nom de « Dunes » je pense, près des rives de Gammarth.
Une fois l’an, à la fin du mois d’Aout, début Septembre, souvent pour l’anniversaire de mariage de mes parents (9 Septembre), c’était La grande soirée de fin d’été, une soirée empreinte d’un grand romantisme, aujourd’hui d’une grande nostalgie.
Pour l’occasion ma mère mettait sa plus belle robe longue, et mon père s’habillait souvent de blanc. Il fallait réserver plusieurs jours à l’avance, c’est dire comme cet endroit était prisé du « Beau Tunis ».
C’était un défilé de femmes, l’une plus belle que l’autre, des brunes, des blondes, des princesses aux yeux pleins d’étoiles, cheveux au vent, les épaules hâlées, discrètement dénudées. Elles trainaient dans leur sillage l’odeur de parfums un peu forts mais mêlés aux embruns marins qui venaient de la mer tout près, ces parfums se transformaient, s’allégeaient pour ne plus former qu’un seul et unique parfum qui revient, aussi vif, dans ma mémoire. L’indescriptible parfum « des Dunes »….
On prenait place, confortablement assis, et là, nous étions aussi vite transportés par cette musique d’ambiance joué par un orchestre. Un son de batterie, unique, comme étouffé, qui donnait à cette soirée quelque chose de spécial, une ambiance particulière, douce, toute en harmonie.
Et ce léger souffle de petit vent marin de fin d’été, rajoutait quelques jolies notes de mélancolie. Les flammes dans les photophores dansaient. La vaisselle en porcelaine fine, les couverts en argent, les nappes amidonnées, les verres ciselés donnaient à cette table une atmosphère d’exception. D’élégants serveurs en livrée apportaient aussitôt, un seau à glace sur pied, dans lequel surnageait une bouteille de vin rosé. Le cliquetis de la bouteille dans ces glaçons déjà fondus s’harmonisait parfaitement avec la musique d’ambiance.
Puis, dans de grands plateaux en argent, étaient servis de magnifiques poissons grillés, le plus souvent des bars au ventre bombé par les tiges de fenouil, accompagnés de leur sauces mayonnaise et kérkénaise (des îles Kérkéna), un petit citron en forme de fleur. Pas besoin d’en rajouter, tout était dans la qualité et la préparation du poisson pêché au filet, ce matin, puis parfaitement grillé aux sarments rougis dans un four à bois.
Confidence pour confidence, j’aurai bien aimé quelques frites pour accompagner mon poisson mais ce n’était pas du tout assorti à ce repas, tout en délicatesse! Nous passions une bonne petite heure encore, alanguis au son des douces mélodies qui ravissaient mes parents. De temps en temps ils se levaient et esquissaient quelques pas de danse à deux, slows, tangos…
Cette soirée se terminait par un dessert tout en légèreté, toujours offert! C’était une de nos belles soirées de fin d’été
Recette de la sauce dite « Kerkenaise ».
4 tomates.
2 gousses d’ail.
1/2 citron.
Un filet d’huile d’olive.
Quelques brins de persil.
Sel, poivre.
Râper les tomates, puis l’ail. Ajouter le citron, un bon filet d’huile d’olive fruitée, sel, poivre, persil ciselé.
Cette sauce légère et goûteuse est parfaite pour accompagner votre poisson grillé. Elle a le goût léger des beaux rivages. Elle a le goût de mes souvenirs….
Laurie Boutboul