Joann Sfar s’insurge contre la modération de Facebook et Instagram, dont les règles de censure pour bannir l’antisémitisme se montrent très peu convaincantes.
La confusion qui règne, s’installe et plonge le pays dans un véritable marasme s’est concrétisée avec cette pancarte antisémite. À Metz, durant le rassemblement d’opposition au Pass sanitaire, un message ouvertement antisémite défilait, tenu d’une main ferme par une femme, depuis interpellée. Mais une fois encore, les ramifications sur les réseaux sociaux prennent d’étranges formes.
Depuis, le parquet de Metz a ouvert une enquête : la manifestation protestant contre l’instauration d’un Pass sanitaire aura fini par voir affluer une faune des plus douteuses. Le préfet de la Moselle a « condamné avec la plus grande fermeté ce message », et finalement, on n’a fini par ne plus retenir que cette femme de toute la contestation en vigueur. De quoi rendre toutes les autres revendications inaudibles, et finalement, les reléguer à l’arrière-plan.
La confusion des ressentiments
Mais c’est assez logiquement que cette pancarte brandie a cristallisé les attentions, et sensibles à ces questions, le dessinateur Joann Sfar a voulu intervenir. Mais son dessin n’a manifestement pas convenu aux règles en vigueur sur les réseaux Facebook et Instagram, quand il est encore accessible depuis Twitter.
Puisqu’on vous le dit! pic.twitter.com/HHGuO3qTPS
— Sfar Joann (@joannsfar) August 9, 2021
Problème : ce dessin a contrevenu aux règles imposées par les outils de Mark Zuckerberg, impliquant la censure pure et simple. Moralité, sur Facebook et Instagram, le dessin disparaît dans les limbes, provoquant la colère du dessinateur.
Désolation de l’intéressé : « J’ai donc contesté sur Facebook comme sur Instagram et j’ignore si ce sont des robots ou des humains qui traitent ce genre de dossier. Tout cela dans un contexte où les pires entrepreneurs de haine prospèrent grâce aux réseaux sociaux c’est risible. Ou pas drôle du tout. Si vous voyez mes comptes disparaître ou bloqués ce sera sans doute à la suite de ces publications puisque Facebook m’a écrit que “l’erreur est humaine et que la prochaine fois mon compte serait restreint”. »
Voir cette publication sur Instagram
Et d’ajouter : « C’est un problème ou pas, de constater que le débat public a lieu sur des plateformes modérées par des robots ou des andouilles ? En gros tu peux créer des groupes pour fédérer les pires extrémistes, mais un dessin qui les raille ça ne passe pas ? Il n’est plus question d’algorithmes ou de premier ou de second degré, mais bien d’une mécanique absurde qui prétend, a l’aide d’une jurisprudence singulière, régenter le débat public. Bande de cons, robots ou pas. »
Et pourtant, elle tourne…
Reste derrière tout cela la traînée de poudre que laissent les manifestations : la difficulté à comprendre le message porté, au global, tient justement à ce que l’agglutination d’anti-X ou anti-Y conduit à ce désolant débordement. Si l’on prend en compte la récupération méticuleuse par l’extrême droite — la porteuse de pancarte est « ancienne candidate aux élections législatives pour le “Rassemblement Bleu Marine” à Sarrebourg et ancienne collaboratrice de Louis Aliot, vice-président du RN/FN et actuel maire de Perpignan » — voici qui accentue le chaos.