L’histoire de «Baba Moushi» et de sa moussaka, par Laurie Boutboul

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Aujourd’hui Laurie nous conte l’histoire de Baba Moushi, aïeul de Salonique, et y associe bien sur la recette de la moussaka, .

Baba moushi était Rav à Salonique (Grèce). C’était le gentil surnom que toute la famille donnait à Moïse Chaltiel. Ma belle-mère (zal) était son arrière-petite-fille. Il avait quitté Salonique où il était Rabbin, pour Tunis, où il continua d’exercer ce métier jusqu’en 1914.

Pour quelles raisons avait-il quitté Salonique alors que la communauté juive de Salonique y était bien établie et qu’il semblait y avoir beaucoup de Chaltiel à cette période, et encore aujourd’hui d’ailleurs. Je fais en ce moment mon enquête à ce sujet, grâce à mon amie «Martinette» que je remercie, férue de généalogie, et qui avance bien dans ses recherches.

Ma belle mère avait donné une gravure de son aïeul à chacun de ses enfants (Jacqueline, Bernard et Martine) pour les protéger, pour qu’elle leur serve de porte bonheur. Baba Moushi était connu dans sa famille et dans la communauté pour être un homme sage, un tsadik.

Bernard (mon mari), ne se séparait jamais de cette gravure qu’il avait toujours dans son porte feuille, même en voyage! En 1992, nous avons décidé de passer un été aux USA avec nos trois enfants. Le voyage était organisé au millimètre près par Bernard. Côté Est d’abord avec New York, ses buildings, sa statue de La Liberté, ses musées, puis côté Ouest avec Los Angeles, San Francisco.

Nous voilà donc partis à l’Aéroport de Roissy, contents de notre séjour qui s’annonçait sans accrocs. Premier couac et de taille : l’agence de voyage nous avait oubliés, nous n’étions répertoriés nulle part, sur aucune compagnie alors que nous avions tous les vouchers, vols et hôtels, pour toute la durée du séjour.

On finit par prendre un autre avion, quelques heures plus tard. Nous voilà arrivés à l’hôtel, à New York à cinq heures du matin. Impatients, malgré la fatigue et les contre temps, nous commençons la visite de New York qui nous en met plein la vue. Marcher au lever du jour dans ces grandes avenues encore calmes, lever la tête et admirer ces gratte ciel qui nous rendaient si petits : grandiose!

N’étaient ouverts que les super marchés de quartier tenus par des chinois. C’était parfait pour nous! Un litre de café américain (ultra dilué) pour Bernard et moi, quelques bâtonnets glacés pour les enfants, aux aurores (sic), et nous commençons à arpenter les rues de New York, guidés par Bernard, toujours sa carte géante grande ouverte devant les yeux, à cinq heures du matin : de vrais touristes!

Treize heures les estomacs crient famine, nos enfants sont fatigués. On rentre dans une pizzeria, on s’installe confortablement, on se met à l’aise et je dépose mon sac à mes pieds,  entre David et Bernard je précise, on commande, on commence à manger, on demande l’addition et au moment de m’emparer de mon sac pour payer… Plus de sac! Aille, deuxième énorme couac imprévu!

On nous l’avait « emprunté »,  sans qu’aucun d’entre nous ne s’en aperçoive! Sous nos pieds! Entre deux costauds. C’est dire la dextérité et la témérité de certains voleurs! Catastrophe annoncée. Affolement général : dans mon sac il y avait les cartes de crédit, les permis de conduire, de l’argent, le portefeuille de Bernard.

Il nous aura fallu 2 grosses journées pour arriver à nous sortir de cette sale affaire. Le reste du voyage se passe sans encombre, heureusement. Nous revenons ravis de notre magnifique voyage, oubliés les ennuis du départ!

6 mois s’écoulent. Puis, un jour nous recevons une grosse lettre recommandée des USA. ous n’avions pas connaissance d’un oncle Sam d’Amérique. A l’intérieur, le permis de conduire de Bernard, son portefeuille vidé de tout son contenu (bien entendu!) avec juste la photo de « Baba Moushi »notre aïeul de Salonique.

Une dame qui faisait les poubelles à New York à la recherche de cannettes de sodas vides qu’elle revendait pour subsister, l’avait trouvé et nous l’avait expédié. Elle nous avait écrit une petite lettre pour nous expliquer comment elle avait trouvé le portefeuille. Elle avait senti que la gravure était assez importante à nos yeux pour qu’elle se trouve dans ce portefeuille, et nous la renvoyait. Magnifique dame!

Et voilà comment la gravure de « Baba Moushi » fit un aller-retour incroyable Paris/New York /Paris, et reprit sa place dans le porte feuille de Bernard. Bien entendu ,elle y est toujours.

Recette de la Moussaka grecque à ma façon tunisienne. Elle aura elle aussi voyagé….

3 grosses aubergines.
3 grosses tomates.
600 g de viande hachée.
1 oignon haché.
1 gousse d’ail hachée.
1 petite boîte de concentré de tomate.
6 tomates séchées.
1 CàS de sel.
1 CàC de poivre.
1 CàS de sucre.
1/4 l d’huile pour la friture des aubergines.
3 CàS d’huile d’olive pour la farce à la viande.
2 CàS de miel, cela vaut la peine d’essayer….

Faire frire les aubergines en rondelles ou en lamelles sans oublier de bien les égoutter. Déposer ensuite sur du papier absorbant. Réserver.
Dans une poêle mettre un fond d’huile d’olive. Y faire roussir l’oignon, puis y ajouter l’ail, puis la viande hachée, puis le concentré de tomates, le sel, le poivre, le  sucre, les tomates séchées coupées en petits morceaux, un petit verre d’eau et laisser cuire à feu doux pendant 20 mn. Mélanger de temps en temps.

Commencer le montage dans un moule en verre. (Je préfère).
Badigeonner le moule, de miel fondu à l’aide d’un pinceau.
Déposer dessus la moitié des aubergines frites en les faisant se chevaucher.
Puis une couche de la farce à la viande.
Re couche généreuse d’aubergines frites.
Couvrir les aubergines de rondelles fines de tomates.
Battre trois œufs en omelette, saler, poivrer et déposer sur les tomates .
Enfourner pour 30mn à 180 degrés.

Cette moussaka est une moussaka revisitée, en l’honneur de « Baba Moushi ». De Salonique à Tunis!

Laurie Boutboul