Spécialiste des relations entre juifs et chrétiens, ancien directeur de l’Institut français Albert-Decourtray d’études juives à Jérusalem, le père Michel Remaud est décédé le dimanche 23 mai à l’âge de 80 ans, des suites de la Covid.
Une figure du dialogue interreligieux s’est éteinte. Le père Michel Remaud est décédé le 23 mai 2021 à l’âge de 80 ans, a annoncé la Congrégation des fils de Marie immaculée à laquelle il appartenait. Spécialiste du judaïsme, ancien directeur de l’Institut français Albert-Decourtray d’études juives à Jérusalem, le père Michel Remaud a vécu à Jérusalem pendant de 1979 à 2016 . Il est l’auteur de nombreux ouvrages et conférences sur les relations judéo-chrétiennes, ainsi que d’études théologiques et d’ouvrages pédagogiques.
Né en 1940 en Vendée, dans une famille de cinq enfants, ordonné prêtre en 1966, le père Remaud se passionne pour l’histoire d’Israël après la prise de contrôle totale de Jérusalem par les Israéliens en 1967. En lisant l’Ancien Testament, et notamment les Psaumes, il réalise que l’histoire de cette nation n’appartient pas qu’au passé mais continue d’évoluer, « avec ses réussites, ses difficultés et ses ombres » avait-il confié à La Croix en 2010.
En 1970, il est nommé professeur au grand séminaire de Bordeaux, tout en continuant des études. Sur place, il fréquente assidûment une communauté juive, et devient membre de l’Amitié judéo-chrétienne locale. Son intérêt, peu à peu, se transforme en vocation. Alors qu’en 1973, le père Remaud soumet au père Bernard Dupuy, secrétaire du Comité épiscopal français pour les relations avec le judaïsme, un commentaire de la déclaration des évêques de 1973 – « L’attitude des chrétiens à l’égard des juifs » –, celui-ci lui propose de rejoindre le comité. En 1982, il est nommé délégué des relations avec le judaïsme pour le diocèse de Paris.
Prix de l’Amitié judéo-chrétienne de France en 2010
Après quelques visites à Jérusalem, où il rencontre notamment le frère Pierre Lenhardt, religieux de Notre-Dame de Sion engagé dans le dialogue judéo-chrétien, il s’installe dans la ville sainte en 1985. Il enseigne d’abord au Centre chrétien d’études juives avant de rejoindre l’Institut français Albert-Decourtray d’études juives, dont il deviendra directeur en 2001.
Auteur d’une thèse sur le mérite des pères dans la tradition juive ancienne et dans la liturgie synagogale, le père Remaud a beaucoup travaillé sur l’exégèse rabbinique et les relations judéo-chrétiennes, avec des ouvrages comme L’Église au pied du mur, ou Juifs et Chrétiens, du mépris à la reconnaissance. Travailleur acharné, il avait reçu en 2010 le prix de l’Amitié judéo-chrétienne de France. Interrogé à l’époque par La Croix, il disait envisager cette récompense comme un « encouragement à poursuivre » son travail sur la tradition juive et ses liens avec le Nouveau Testament.