Après le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, un habitant de Tel Aviv s’inquiète du temps qu’il faudra « pour retrouver nos relations entre différentes communautés ».
« C’est moins les roquettes qui me font peur que les violences telles qu’on les a vécues à l’intérieur du pays » notamment à Jérusalem, a témoigné Michaël Attal, kinésithérapeute à Jaffa, quartier sud de Tel-Aviv, vendredi 21 mai sur franceinfo, quelques heures après l’annonce bilatérale d’un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. « Il faudra beaucoup, beaucoup de temps et c’est ça qui m’inquiète le plus pour pouvoir ressouder et retrouver notre vie normale et nos relations entre différentes communautés en Israël. »
franceinfo : Ce cessez-le-feu est un soulagement ?
Michaël Attal : On a l’impression malgré tout que les conclusions sont les mêmes que pendant les différents épisodes de fièvre entre Gaza et Israël. Simplement, les problèmes de fond ne sont pas résolus. La fièvre qui descend, c’est très bien. Mais il va falloir attendre quelques jours pour savoir si un changement de politique à long terme va avoir lieu ou si nous allons avoir simplement du calme pour 4, 5 ans et retourner à un nouvel épisode dans quelques années.
Vous avez l’impression d’être toujours sur un fil ?
ll n’y a pas de plan à long terme qui puisse à la fois régler le problème de la militarisation des partis islamiques à Gaza et [prévoir] aussi une espèce de plan Marshall pour la bande de Gaza pour pouvoir tirer un petit peu la population palestinienne de Gaza vers le haut et éliminer un peu ce terreau qui peut donner encore aux factions islamistes la possibilité de renforcer leur pouvoir militaire et politique. En 2014 cela avait tenu jusqu’à 2021. Puis, petit à petit, les choses reprennent de la surface avec cette fois, un épisode qui se cristallise autour de Jérusalem, ce qui donne encore plus de retentissement. Malgré tout, à part les roquettes qui se taisent et les bombardements sur Gaza qui cessent, on n’a pas l’impression que cela a vraiment changé la donne. Est-ce que l’on n’est pas reparti une fois de plus pour que dans 3, 4 ans, une fois que la bande de Gaza sera militarisée ou que la situation des Gazaouis ne se sera pas améliorée avec un nouvel épisode, une nouvelle allumette qui fasse tout sauter.
Les violences à l’intérieur du pays vous inquiètent-elles ?
Je vais vous dire très honnêtement, c’est moins les roquettes qui me font peur que les violences telles qu’on les a vécues à l’intérieur du pays. Je fais partie du système de santé. Nous travaillions entre communautés juives et arabes, sans même se désigner comme Juifs et comme Arabes. Nous avons l’habitude de travailler main dans la main. On l’a vu grâce à une campagne de vaccination qui a été une réussite totale. Malgré cette histoire et puis des éléments extérieurs qui viennent se rajouter, qui nous rappelle nos titres et nos identités. Il faudra beaucoup, beaucoup de temps et c’est ça qui m’inquiète le plus pour pouvoir ressouder et retrouver notre vie normale et nos relations entre différentes communautés en Israël. C’est ça qui m’inquiète beaucoup plus que les roquettes.