Paris ne sera pas le théâtre de la guerre Hamas–Israël, par Michel Taube

Abonnez-vous à la newsletter

Qui a intérêt à importer en France le conflit entre Israël et le Hamas ? Les islamistes et leurs alliés gauchistes qui appellent à manifester samedi dans toute la France.

Une occasion trop belle, après la vague d’estime mondiale suscitée par la vaccination du peuple d’Israël contre la Covid, de réveiller la braise antisioniste et, subséquemment comme disait le grand Jacques, antisémite. Une opportunité aussi de tenter pour la énième fois d’assurer la convergence des luttes et des damnés de la terre sur le dos des démocrates.

Le peuple palestinien a droit à un État, à la paix, à la sécurité et au développement mais ses dirigeants les en priveront car l’asservissement est leur fonds de commerce.

C’est pourquoi les extrêmes gauches européennes et américaines ont tort de se montrer bien plus virulentes pour condamner Israël – dont ils ignorent sciemment ce que subissent les citoyens avec les 1.500 roquettes tirées à l’aveugle sur les populations civiles, que les dirigeants de nombreux pays musulmans qui ont la désapprobation très feutrée : non, Israël ne massacre pas sciemment un peuple pour coloniser ses terres.

Oublions un instant le conflit avec Israël, pays qui malgré ses défauts, malgré les excès de Netanyahou, malgré la montée inquiétante des ultra-religieux, est une démocratie dont 20 % de la population est musulmane (avec un groupe parlementaire pour la représenter) pour nous pencher sur le Hamas en tant que tel. On peine à comprendre comment la gauche et l’extrême gauche peuvent prendre fait et cause pour cette organisation considérée comme terroriste en Europe et aux États-Unis. Qu’il s’agisse du droit des femmes, de celui des enfants, des homosexuels, de toutes les minorités, et plus globalement de sa propre population, le Hamas représente le contraire des valeurs que cette gauche autoproclamée humaniste prétend incarner.

Quel serait le sort d’un athée, chrétien, noir, femme, enfant, opposant, homosexuel… à Gaza ? Mélenchon s’est-il posé cette question ? Être juif à Gaza, cette question n’a pas de sens, alors que, rappelons-le, 20 % de la population israélienne est musulmane. Il y a bien deux poids et deux mesures, comme le crient les islamo-gauchistes, mais pas là où ils les voient.

Pour l’extrême gauche, Verts compris, le conflit israélo-palestinien est une aubaine. Par conviction « antisioniste » (chacun sait ce que cache souvent cette expression) comme par clientélisme, elle ne cesse de draguer la population musulmane, sans aucune considération pour les convictions laïques et républicaines des uns et des autres. Il faut dire qu’il y a là une belle part de marché à prendre, celle des classes laborieuses ayant fui la gauche depuis longtemps.

« J’ai plus de 10 millions de nos concitoyens qui ont des familles de l’autre côté de la Méditerranée », avait lâché Emmanuel Macron le 18 février dernier, à l’occasion d’un entretien accordé au Financial Times, à propos du transfert de 3 à 5 % de vaccins anti-covid aux pays africains. Le chef de l’État évoquait les Français d’origine africaine, qui sont principalement d’Afrique subsaharienne, et non les étrangers. Combien d’entre eux partagent avec le Hamas une conception rétrograde de la femme et préfèrent la Charia aux lois de la République ? Ils seraient majoritaires parmi les jeunes. Il est temps que leurs grands frères et leurs aînés les secouent et leur rappellent qu’ils sont Français avant tout.

Doit-on rappeler aux Français qui manifesteront samedi dans toute la France pour soutenir le peuple palestinien et dont certains ne manqueront pas de brûler le drapeau israélien que la négation de l’Etat d’Israël est constitutive de l’antisémitisme, selon la définition adoptée par les Nations unies, par de nombreux Etats et collectivités locales (même la nouvelle municipalité écolo-gauchiste de Strasbourg s’y est rangée, certes après trois votes et de multiples contorsions syntaxiques et, nous ne l’oublions pas, un rejet initial) ? Comme dans de trop nombreuses manifestations anti-israéliennes, on entendra donc des cris de « mort à Israël », peut-être de « mort aux juifs », et Mélenchon et autres Besancenot diront qu’ils condamnent ces propos, la main sur le cœur. Mais exciter ainsi la jeunesse musulmane et la monter autant que faire se peut contre les juifs peut aussi déboucher sur de la violence et même des crimes.

Des appels au pogrom donc au lynchage et au meurtre ont déjà été proférés sur les réseaux sociaux, d’abord aux États-Unis et au Royaume-Uni. L’extrême gauche soutient déjà l’intifada dans les banlieues françaises.

Souhaite-t-elle maintenant que les rues de France soient le prolongement du conflit entre le Hamas et Israël, mettant de l’huile sur le feu, alimentant et justifiant l’antisémitisme islamiste, même violent ? Les mélenchonistes et autres verts rouges pastèques porteraient une lourde responsabilité si les manifestations pro-palestiniennes qu’ils organisent ou soutiennent dégénèrent samedi.

Banlieues de France ou Gaza, c’est le même soutien aux ennemis des démocraties laïques qu’apporte cette mouvance islamogauchiste. Traditionnellement, la cause palestinienne a la faveur de l’opinion et des médias français. Si le conflit devait s’éterniser, il en irait probablement de même. Mais les Français, qui souhaitent majoritairement une intervention beaucoup musclée des pouvoirs publics face à l’islam radical et au trafic de stupéfiants (le second alimentant le premier) pourraient cette fois se montrer plus compréhensifs envers Israël, qui ne se soumet pas, contrairement aux prétendus Insoumis.

Imaginez que des dizaines de roquettes soient tirées d’un quartier perdu de la République sur la capitale Paris. Nous comprendrions vite pourquoi Israël réagit si fermement.

Michel Taube

Source opinion-internationale