Créée en 1933, la synagogue de Vichy est la seule de l’Allier. La communauté israélite du département s’y retrouve pour célébrer ensemble l‘office et les fêtes religieuses. Mais avec le Covid-19, leur programme se retrouve chamboulé.
Caché au cœur du centre-ville de Vichy, dans une petite ruelle difficilement accessible en voiture, se cache un bâtiment à la symbolique forte. L‘unique synagogue de l’Allier, est érigée en 1933 dans la ville que rejoindra, quelques années plus tard, le maréchal Pétain. Le temps a passé mais la bâtisse, elle, est toujours debout, assurant chaque semaine l’office à ses fidèles.
Sur la façade, les commandements sont inscrits en hébreu. « Les lettres se lisent de droite à gauche », explique Michelle London, présidente de l’association cultuelle Israélite de Vichy.
C’est cette même association qui demanda dans les années trente à faire construire un lieu de culte capable d’accueillir tous les pratiquants présents à l’époque. «De nombreux curistes venaient du monde entier à Vichy pendant la saison. Parmi eux , beaucoup étaient croyants. » Ils n’avaient pour prier qu’un oratoire situé à côté du Café des Arts.
Un don de la compagnie fermière
La Compagnie fermière, propriétaire des thermes, décide de donner un bout de terrain à l’association pour construire une synagogue. «Il y a une dizaine d’années, la ville a racheté une partie du domaine thermale, raconte la présidente. Elle nous a vendu le terrain pour 1 € symbolique.»
L’Allier compte 80 familles pratiquantes. Elles vivent pour la plupart aux alentours de Vichy. «Les personnes très religieuses ne sont pas censées conduire durant le jour du Shabbat.»
Avant de passer le seuil de la porte, Michelle London embrasse la mezouzah, petit parchemin sur lequel est inscrit un extrait de la Torah. À l’intérieur de la bâtisse art déco, aucune sculpture ni visage humain ne sont apparents, comme le veut la tradition.
Une place sur deux condamnée
La salle du bas réservée aux hommes durant les cérémonies peut accueillir, en temps normal, 200 personnes. Celle du haut pour les femmes, peut en contenir 50. Aujourd’hui, sur les bancs, une place sur deux est condamnée.
C’est ici que la communauté se réunit tous les samedis de 10 heures à midi pour écouter le rabbin, venu tout droit de Lyon, lire la Torah. « Pour la sortir, il doit y avoir au moins dix hommes ayant effectué leur Bat Mitsvah dans la salle. »
Le premier paragraphe est lu en septembre à l’occasion de la fête de Simchat Torah. Chaque samedi, le rabbin lit le paragraphe suivant. La lecture se termine au bout d’un an.
De la livraison à domicile
Pour Pessa’h à la période de Pâques, les juifs consomment de la matsa, un pain non levé. «Cela fait deux ans que nous les livrons à domicile. Nous ne pouvons plus rien organiser, alors les fidèles commandent sur internet ou par téléphone», regrette Michelle London.
Depuis plus d’un an, les fêtes et les cérémonies sont limitées à six personnes. « Normalement, nous organisons des cocktails au centre communautaire. Mais il ne se passe plus rien. » Le centre n’accueille plus que le rabbin qui se réjouit tout de même de pouvoir célébrer l’office.
Message de la communauté : Une famille qui habitait au 34, boulevard Denière, à vichy, est à la recherche de personnes ou de membres proches ou éloignés de la famille de M. Espinel qui tenait un bureau de tabac au 49, boulevard Denière, entre 1930 et 1960. Ladite famille désire décerner le titre de « Juste parmi les nations » à titre posthume par le mémorial de Yad vashem, pour avoir caché la famille Tannenbaum, le couple et les enfants, durant la Seconde Guerre mondiale. Pour toutes informations, contacter l’association cultuelle israélite de vichy au 04.70.59.82.33.
Océane Jacques ; Photos Julie de Solliers