Toulouse : le témoignage bouleversant d’une survivante de la Shoah

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Dans son appartement toulousain, Clara a raconté son enfance bouleversée par la Shoah. DDM Michel Viala.
Clara Goldfarb-Samet a accepté de nous raconter son enfance polonaise pendant la Seconde Guerre mondiale. Une histoire de survie, de chance, et de résilience.

Clara Goldfarb-Samet est une pétillante octogénaire. L’ancienne commerçante vit dans le centre de Toulouse, à deux pas du Jardin des plantes. Difficile de croire en la voyant qu’elle a vécu l’indicible. Et pourtant. Clara est une survivante de la Shoah. Pendant près de quatre ans, sa vie n’a tenu qu’à un fil. Cette enfance sous le sceau de la peur débute à l’été 1941.

A la mi-juillet, les territoires de la Pologne orientale annexés par l’Union soviétique en 1939 sont envahis par l’Allemagne. C’est le cas de Skala, la ville de Galicie où Clara, alors âgée de 9 ans, et sa famille vivent.

« Lorsque les Allemands sont arrivés, les restrictions ont commencé pour les Juifs », témoigne Clara. « Ils ont immédiatement arrêté 150 hommes pour les fusiller. Mon père s’est caché chez des amis. »

La mère de Clara décide de partir chez sa sœur avec ses deux filles. « Les Allemands sont rentrés dans la maison avec des grenades dans les mains, nous devions leur dire où se trouvaient les hommes, mais maman n’a pas bronché. Imaginez le choc que cela représente quand on a 9 ans ! » Cette anxiété ne l’a jamais quittée, « Je l’ai transmise à mes enfants. Ce sont les séquelles de la Shoah. » Au cours de l’automne 1941, la famille de Clara doit rejoindre un ghetto. « Nous vivions à neuf dans une pièce d’une vingtaine de mètres carrés. Les gens arrivaient de partout. Je ne vous raconte pas à quel point la promiscuité et le manque d’hygiène étaient présents. Nous n’avions que des pommes de terre pour nous nourrir.

Malgré ce régime de misère Clara parvient à survivre, elle survit aussi aux rafles. « Elles avaient lieu au milieu de la nuit, toujours par surprise. On dormait tout habillés. On savait qu’ils arrivaient lorsqu’on entendant les chiens aboyer. Alors on se dépêchait de s’entasser dans une cachette, il fallait faire très vite. Ma grand-mère qui avait 65 ans n’a pas eu le temps de descendre. Elle a été déportée et est décédée à Bergen-Belsen.

Les Russes, nos sauveurs

Grâce au père de Clara, ils parviennent à fuir le ghetto lors de sa « liquidation » en février 1943. A partir de ce moment-là, « pendant un an et demi, nous changions constamment de cachettes. Mon père payait les Polonais, c’est ce qui nous a sauvés. » Eté 1944, Clara, sa sœur, et ses parents sont cachés dans le grenier d’une maison appartement à une famille polonaise. La débâcle a sonné pour les Allemands, des flots de soldats se déversent sur les routes, certains logent dans la maisonnette où se cachent les survivants.

« Pendant 3 semaines, nous n’avons eu pour nous nourrir qu’un morceau de pain et un kilo de sucre. C’est un miracle que nous ayons survécu. » Ce cauchemar prend fin lors de l’arrivée des Russes. « Quand ils sont rentrés dans la maison, nous avons dansé avec eux, c’étaient nos sauveteurs ! » Après guerre, après un bref séjour en Allemagne, les quatre survivants rejoignent Toulouse en 1947 où vit une partie de leur famille. La survivante n’a jamais témoigné de cette histoire dans un média, en revanche, elle intervient régulièrement dans les lycées. Comme tous les rescapés de la Shoah, son souhait est que cette histoire soit transmise aux jeunes générations, « et que ça ne recommence pas. »

Source ladepeche