Un homme muni d’un couteau a agressé trois jeunes juifs à Sarcelles (Val-d’Oise), pendant les fêtes de la Pâque juive. Mis en examen, il a été remis en liberté. S’il n’a pas fait de blessés, les faits suscitent l’inquiétude au sein de la communauté.
Trois jeunes juifs portant la kippa ont été attaqués par un homme muni d’une arme blanche, lundi à Sarcelles. L’agression inquiète la communauté juive, qui demande à connaître les circonstances exactes des faits et réclame des mesures de sécurité.
Lundi, second jour de la fête Pessah, vers 20h30, trois jeunes sortent de la grande synagogue de Sarcelles et marchent sur le boulevard Albert-Camus, au cœur de la Petite Jérusalem. Tous trois portent la kippa.
C’est alors qu’une femme, depuis son balcon du premier étage, les alerte en criant : « Attention, il a un couteau ! » Les jeunes, âgés d’une vingtaine d’années se retournent, découvrent un homme ivre, à deux mètres d’eux, qui pointe un long couteau dans leur direction. Ils prennent aussitôt la fuite et lui échappent.
Il aurait lancé : «Ils m’ont volé mon travail»
D’autres membres de la communauté vont alors accourir et maîtriser l’homme au couteau, non sans difficulté, avant de le remettre à l’équipage de police qui vient d’arriver. Le suspect, qui serait âgé de 35 ans environ, d’origine pakistanaise, a été placé en garde à vue au commissariat de Sarcelles.
Selon certains témoignages recueillis, il aurait lancé, au moment des faits : « Ils m’ont volé mon travail. » Le parquet de Pontoise relève aussi au sujet du mis en cause « un contexte d’alcoolisation avancée ».
A l’issue de sa garde à vue, l’homme a été déféré au parquet de Pontoise mercredi, et celui-ci a ouvert une information judiciaire pour « menace avec arme ». Mis en examen par le juge d’instruction, il a été placé dans la soirée sous contrôle judiciaire et a été remis en liberté.
Le parquet de Pontoise, qui avait pour sa part requis son placement en détention provisoire, a fait appel de la décision du juge des libertés. Il précise également qu’aucun élément n’a permis de confirmer le caractère antisémite des faits. Cette circonstance aggravante n’ayant pas été retenue au final.
Un couteau de 30 cm avec une lame dentée
« Que faisait cet homme, qui est SDF, dans le quartier juif de Sarcelles un soir de fête ? Tout cela me semble inquiétant. Il est arrivé par-derrière les jeunes. Il ne pouvait pas ne pas voir qu’ils portaient la kippa. Je demande des éclaircissements », confie René Taïeb, président des communautés juives du Val-d’Oise, selon qui cet acte « reste susceptible d’avoir un caractère antisémite ».
Il évoque la présence d’un couteau servant à couper les plaques de plâtre, long d’une trentaine de centimètres, doté d’une lame dentée. « Je demande également un renforcement de la sécurité. » Il confie par ailleurs que le suspect ferait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français prise par le préfet, depuis plusieurs années. « Elle n’est pas appliquée. Est-ce normal ? », demande-t-il.
Le suspect aurait été vu ce jeudi vers la synagogue
Moïse Kalhoun, qui dirige la communauté de Sarcelles, précise que l’inquiétude est d’autant plus grande que le suspect aurait été vu aux abords de la grande synagogue ce jeudi matin, quelques heures seulement après sa remise en liberté.
« Le risque est toujours là, estime-t-il. Je suis très inquiet et c’est un sentiment plus que partagé. » Il se dit persuadé que le mis en cause voulait agresser les jeunes après avoir repéré qu’ils portaient la kippa. « Je ne suis pas dans l’obsession de l’antisémitisme mais là, cela me semble flagrant. »
Il garde en mémoire l’ agression survenue en septembre 2020 devant le commissariat de Sarcelles, quelques heures après l’attaque devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, à Paris. Une agression à la machette qui avait grièvement blessé un homme qui venait déposer plainte.
Selon les derniers éléments recueillis, il n’y aurait pas de lien entre cette attaque et les faits de lundi soir, commis près de la synagogue. Par ailleurs, l’enquête de l’attaque devant le commissariat fait l’objet d’une instruction judiciaire en cours à Pontoise, et n’a pas été confiée à l’antiterrorisme.