Liliana Segre : mémoire et lutte contre le racisme et l’antisémitisme

Abonnez-vous à la newsletter

Nommée sénatrice à vie, Liliana Segre, 89 ans, demeure à ce jour une véritable figure de tolérance et de la lutte contre l’antisémitisme en Italie : dans la continuité de ce mois de mars dédié aux Femmes, on fait le point sur l’histoire de cette survivante de l’Holocauste.

Liliana Segre est née le 10 septembre 1930 à Milan. Alors qu’elle n’a même pas un an, sa mère, Lucia Foligno, décède. Ainsi, elle vit avec son père, Alberto Segre, et ses grands-parents paternels. Dans son autobiographie Fino a quando la mia stella brillerà (2015), elle décrit une enfance heureuse.

Victime des lois raciales fascistes de Mussolini dès ses 8 ans, elle n’a d’autre choix que de quitter l’école primaire en 1938. Le 7 décembre 1943, alors que l’Allemagne nazie contrôle le nord de l’Italie et qu’elle est âgée de seulement 13 ans, elle tente de fuir en Suisse avec son père et ses deux cousins. Malheureusement, ils sont arrêtés le lendemain, puis incarcérés et déportés en janvier 1944, jusqu’au camp d’Auschwitz-Birkenau. Sa vie prendra soudainement une toute autre tournure, une tournure tragique.

Trois mois plus tard, son père meurt. Ses grands-parents sont, à terme, eux-aussi déportés à Auschwitz et tués le jour-même de leur arrivée, le 30 juin 1944. Après avoir survécu au froid, à la « marche de la mort » de l’hiver 1944, aux sélections à la mort et à un an de travail forcé, elle parvient à rentrer en Italie en août 1945. Sur les 776 enfants italiens déportés de moins de 14 ans, elle est l’une des rares 25 survivantes.

Quarante-cinq ans plus tard, elle trouve le courage de prendre la parole et ne la lâchera plus jamais. Elle écrit plusieurs ouvrages dans lesquels elle raconte le drame de sa vie. Partout où elle le peut, elle prône la tolérance et l’antiracisme, notamment quant à la question des roms, cibles privilégiées de l’extrême-droite italienne ces dernières années.

En janvier 2018, le président de la République Sergio Mattarella la nomme sénatrice à vie pour lui rendre honneur, mais aussi pour que sa parole pacifique puisse être entendue au Parlement. Elle fera, dès lors, l’objet de multiples menaces de mort (à hauteur de 200 par jour).

Alors qu’elle propose au Sénat, en octobre 2019, la création d’une commission pour lutter contre le racisme, l’antisémitisme, la haine et la violence sur des bases ethniques et religieuses, les menaces continuent d’affluer à son égard. Ainsi, la préfecture de Milan décide de lui adjoindre une escorte policière à vie. Un mois plus tard, le Parlement adopte la création de cette commission avec 151 voix « pour » et 98 abstentions.

Source lepetitjournal