« Nous sommes en guerre », disait le président il y a un an. La « guerre » n’est pas finie. Mais que nous a-t-elle appris ? Chronique de Sophie Coignard.
C’était le 16 mars 2020 à 20 heures. Un record d’audience. Chacun ou presque rivé devant la télévision, pour voir Emmanuel Macron annoncer ce que chacun avait déjà deviné : « Dès demain midi et pour 15 jours au moins, nos déplacements seront très fortement réduits (…). Se promener, retrouver ses amis dans le parc, dans la rue, ne sera plus possible. » Quatre semaines plus tard, le chef de l’État réapparaissait à l’écran pour nous prédire le retour des « jours heureux ».
Un an après, à l’occasion d’une visite à Montauban, le président est bien obligé d’annoncer, ce lundi, au vu de la situation sanitaire en Île-de-France notamment, qu’il va falloir « prendre dans les jours qui viennent, sans doute, de nouvelles décisions pour lutter contre l’épidémie de Covid ». Des restrictions prises « de manière adaptée et proportionnée ». Pour ne rien arranger, la stratégie de vaccination est entravée par la suspension des injections d’AstraZeneca.
Hygiène, école, civisme…
Tout le monde imaginait, il y a un an, que ce premier anniversaire de la mise sous cloche de tout un pays serait célébré comme un souvenir pas près d’être oublié, mais déjà un peu lointain. Il n’en est rien. Et la tentation du découragement existe face à un scénario qui se répète, à coups d’espoir et de déconvenues. Pourtant, l’épidémie nous a enseigné de petites et grandes choses.
La « France d’en haut » a découvert toute l’utilité sociale des « invisibles », ces professionnels qui, outre les soignants, ont fait tourner le pays confiné, à la caisse des magasins d’alimentation, au volant de leurs camions de livraison, ont permis au pays de continuer à fonctionner. Les parents ont vu sous un autre jour l’école, le collège, le lycée qui, fermés, laissaient un grand vide tant pour la transmission des savoirs que pour la sociabilité. L’hygiène quotidienne imposée à tous a fait disparaître les épidémies saisonnières de rhume, gastro-entérite, grippe ou de bronchiolite.
La dépendance économique envers des pays tiers a éclaté au grand jour, exigeant des réflexions et des réajustements que le fatalisme et la paresse intellectuelle nous empêchaient d’examiner. Le civisme des Français s’est exprimé par le vide, celui des rues soudain désertées. La liberté d’aller et venir, avantage acquis si évident qu’il semblait insignifiant, a été réévaluée à sa juste valeur.
Bien sûr, d’autres « apprentissages » se sont révélés plus déprimants, à commencer par la lourdeur indécrottable d’une bureaucratie qui nous a menés en bateau, du port des masques à la logique des vaccins en passant par les cafouillages des tests. Néanmoins, à la veille d’annonces peu riantes, il est souhaitable d’envisager que nous avons tous appris de cette crise sans précédent.