Les deux partis, qui ont structuré la vie politique pendant des décennies, n’ont ni programme ni candidat à un an de la présidentielle. Chronique de Sophie Coignard.
D’un côté, une droite sans figure de proue, qui voit la candidate du Rassemblement national tenter de lui grignoter des parts de marché électoral à grands coups de déclarations rassurantes sur la gestion de la dette, ou encore sur l’adhésion aux totems européens – de l’euro aux principes de Schengen. La condamnation en première instance de Nicolas Sarkozy, lundi 1er mars, y a dissipé le fantasme d’un recours ultime en cas de chaos. Ses meilleurs éléments ont tenté l’aventure régionale ou rallié la macronie. Pris en étau entre un RN en quête de respectabilité et une majorité présidentielle dont il peine à se différencier, le parti Les Républicains n’a toujours pas trouvé la martingale pour renaître de ses cendres, après la déroute de 2017 et les désordres en cascade qui en ont résulté.
De l’autre, une gauche, notamment une extrême gauche, qui assure ne pas vouloir, en 2022, faire barrage à Marine Le Pen en votant au second tour pour Emmanuel Macron. Jean-Luc Mélenchon l’a encore exprimé ce dimanche sur France 3. Tout comme en 2017, pas de consigne de vote : « L’un est d’extrême centre, c’est-à-dire libéral complètement échevelé, très autoritaire. Et l’autre […], c’est l’extrême droite traditionnelle. » Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, dénonce, quant à lui, une alliance objective entre les deux finalistes de la dernière présidentielle : « Macron a choisi l’extrême droite comme son faire-valoir », tempête-t-il dans Libération.
Le mirage du recours
Anesthésiés par le dégagisme en 2017, les deux partis, qui ont structuré la vie politique pendant plus de 40 ans, ont cru traverser une mauvaise passe. Ils n’ont en réalité pas su trouver un second souffle. Emmanuel Macron en a tiré parti pour installer un affrontement programmé entre « populistes » et « progressistes ». Avec le refus anticipé d’un « front républicain » pour 2022, une partie de la gauche refuse ce schéma. Mais en a-t-elle les moyens ?
Anne Hidalgo montre ses limites dans une interview au Parisien, mercredi 3 mars, quand elle évoque l’éventualité de participer à la présidentielle : « Lors des municipales, je ne me suis pas projetée vers une candidature. Mais depuis cette élection, il y a beaucoup de sollicitations autour d’un danger majeur : celui d’avoir, si on continue comme ça, l’extrême droite au pouvoir en 2022. »