Le féminisme contre les femmes. L’édito de Michel Taube

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L’explosion salutaire de la parole #MeToo cache mal cette triste réalité : les droits des femmes sont en recul dans le monde entier, même en Occident.

Au mieux ils stagnent. Les raisons en sont multiples mais attardons-nous aujourd’hui, à l’avant-veille de la Journée de la femme, de moins en moins célébrée d’année en année, sur l’effet de rejet que suscite les dogmatismes de nombreuses organisations féministes… C’est ce que nous appelons les dérives du féminisme.

Les hommes seraient tous des prédateurs pervers (surtout s’ils sont blancs)

« La concentration d’hommes dans un même lieu de pouvoir induit un climat propice aux agressions », avait osé Alice Coffin, (pseudo) militante féministe, élue au Conseil de Paris, et auteure du livre « Le génie lesbien » (Éditions Grasset). Le titre, déjà, est absurde : il n’y a ni plus ni moins d’abrutis et de génies chez les homos que chez les hétéros, et il faut avoir l’esprit malsain et mal tourné pour être à ce point obsédé par sa sexualité. On se fiche que vous soyez lesbienne, Madame Coffin ! Si génie il devait y avoir chez vous, votre sexualité n’en serait pas l’explication. Au fond, vous faites partie de ces personnes qui ont leur sexe dans leur tête au lieu de le cantonner à la place qui leur revient.

La vocation des femmes n’est ni d’être ennemies des hommes, ni de leur faire peur. Présenter les hommes comme des porcs ou des prédateurs sexuels est évidemment abject. Cette posture cache mal un rapport perverti au corps qui laisse supposer que les plaisirs de la chair sont des péchés mortels, que le sexe, c’est sale, et que les femmes y sont totalement insensibles et hostiles. Il existe des pervers, des harceleurs, des agresseurs, des violents et des violeurs, des sexistes, des goujats. Il existe des cons, des salopards, des ordures qui méritent d’être traités comme tels, a fortiori lorsque leurs agissements enfreignent la loi. Mais la méchanceté et la perversité n’ont pas de sexe.

L’islamisme contre les femmes

D’autres féministes (ou les mêmes ?) prétendent que le voile islamique est un symbole voire un étendard du féminisme. Servitude volontaire demeure servitude, expliquait Étienne de La Boétie en 1574. D’aucuns évoqueraient une variante du syndrome de Stockholm (empathie avec ses geôliers). En tout cas, ces individus sont des complices d’une idéologie qui considère les femmes comme des sous humains, voire comme des objets. L’antithèse du féminisme, en somme ! Et il y a des femmes pour le penser, comme l’écrit notre chroniqueuse vedette, Caherine Fuhg dans « La fougue de Catherine ».

Sus à l’homme blanc

La députée Danielle Obono avait traité le premier ministre Jean Castex d’homme blanc ! Racisme vulgaire qui avait enflammé les réseaux sociaux. Les féministes dévoyées (au féminin, car on peut penser qu’elles sont plus nombreuses que les hommes), généralement très marquées à gauche, voire à l’extrême gauche, sont bien moins véhémentes lorsqu’il s’agit de dénoncer les dérives sexistes ou machistes, même criminelles, de la bienpensance dont elles sont des fers de lance. Le salopard, c’est toujours l’homme blanc (bon, quand il est de gauche, on peut lui pardonner, comme ces pédophiles ou ceux qui ont fait l’éloge de la pédophilie des années 70 à 2000 et dont Olivier Duhamel, certes présumé innocent selon la justice, est la triste caricature). Absolution pour les uns, condamnation par avance pour les autres ! Ainsi, les féministes dévoyés sont aussi des complices des indigénistes, coupables d’un autre dévoiement, celui de l’antiracisme.

Balance ton porc, même sans preuve !

Encourager la délation est faire prendre aux victimes le risque de se retrouver arroseuses arrosées, et condamnées pour diffamation ou dénonciation calomnieuse. C’est ce qui arriva à Sandra Muller, initiatrice du hashtag #BalanceTonPorc. Il faut saluer la libération de la parole et toutes les initiatives visant à lutter contre le sexisme et toutes les formes de violence faites aux femmes, mais pas la délation. Aimer les femmes, c’est les respecter. Et ceux qui exercent sur elles la moindre emprise ne les aiment pas.

En attendant, un État de droit ne peut se permettre d’accepter les tribunaux médiatiques. On rappellera juste le principe de la liberté de la preuve en matière pénale : en principe, on ne peut enregistrer ou filmer quelqu’un à son insu. Ce n’est pas légal. Mais si l’enregistrement révèle une infraction pénale, comme le harcèlement sexuel, le juge peut le prendre en considération. Dans un autre registre, Nicolas Sarkozy en sait quelque chose !

Les damnés de la terre

Le comble de ces dévoiements, c’est que ces féministes ultra qui emmerdent les hommes et une grande majorité des femmes mettent les femmes dans le panier des victimes du système capitalistico-colonial qui nous opprimerait tous. Cela s’appelle, quel mot horrible, l’intersectionnisme qui vient de l’Amérique, envahit nos universités et mine les esprits de nos étudiants… Le cumul des discriminations dont un jour les femmes, le lendemain les noirs ou les Arabes, et tous les jours les races, que ces idéologues réhabilitent honteusement, seraient les victimes. Eriger ainsi les femmes en victimes expiatoires de notre monde tel qu’il va, faire des femmes les nouveaux damnées de la terre, voilà de quoi s’assurer, pour les marchands de malheur que sont ces ultra-féministes, leur soumission et leur servitude en victimes perpétuelles. Ah qu’elle est belle la libération de la femme !

L’écriture inclusive contre la langue française

L’écriture inclusive, qui revient à considérer que les mots n’ont pas un genre, mais un sexe, est l’une des dérives les plus grotesques du féminisme new-age. Au nom d’un égalitarisme absurde, ces individus sont prêts à massacrer une des plus élégantes et des plus riches langues de la planète, qui ne ressemble ni ne sonne comme aucune autre. Le français n’est pas pour autant une langue figée. La féminisation des professions fait sens, même si les puristes s’en offusquent, parce qu’elle répond à une réalité factuelle. On pourrait même modifier la grammaire, afin que la majorité détermine le genre, et que l’accord soit libre. « Un navet et dix oranges sont lourdes », ça sonne un peu bizarre, non ? On pourrait aussi se pencher sur les sous-entendus de mots malvenus parfois : parler de « consentement », même mutuel, pour qualifier en droit la relation de séduction voire sexuelle entre deux personnes nous semble inapproprié : consentir à, est-ce pleinement accepter une relation ? Les philosophes du droit, s’il en reste quelques-uns, pourront en discourir… Mais écrire « cher·e·s lecteur·rice·s, adoré·e·s », c’est carrément moche ! Et nous aimons la langue française comme les femmes : belles ! Et, je vous rassure, toutes sont belles en tant que telles !

Niez ce corps que je ne saurais plus montrer

Justement, parlons-en : notre rubrique « Sois belle et ouvre la » déplaît à de nombreuses féministes et nous avons compris pourquoi : c’est l’évocation de leur corps, à travers l’adjectif « belle » qu’elles rejettent. Leur manque d’humour (mais elles ne sont pas seules à en manquer parmi les militants de toutes les causes) se double trop souvent d’un mépris pour les corps, alors même que la femme a cette puissance, cette singularité d’incarner le beau. N’en déplaise aux féministes, les femmes sont belles !

Les vrais combats du féminisme…

Les vrais combats sont ailleurs : en France et dans le monde entier, évidemment, les luttes contre les violences faites aux femmes (vive la couleur orange, symbole de ce combat et que nous portons tous les jours comme la couleur d’Opinion Internationale), l’égalité des rémunérations entre les deux sexes, la plénitude et l’égalité des droits civils et maritaux, l’accès à l’éducation de toutes les filles dans le monde, l’exercice des pouvoirs (ah, ce plafond de verre en politique et à la tête des entreprises !). Mais de cela, trop souvent, les féministes ultra s’en détournent pour remplacer les femmes par leur idéologie racialiste.

Michel Taube

Source opinion-internationale