Un tribunal islamique dirigé par le Hamas dans la bande de Gaza a statué que les femmes avaient besoin de l’autorisation d’un tuteur masculin pour voyager.
Le recul des droits des femmes pourrait déclencher un retour de bâton à Gaza à un moment où les Palestiniens prévoient d’organiser des élections plus tard cette année. Cela pourrait également consolider la position du Hamas au sein de sa base conservatrice à un moment où il fait face à des critiques sur les conditions de vie dans le territoire qu’il dirige depuis 2007.
La décision du Conseil judiciaire de la charia, publiée dimanche, indique qu’une femme célibataire ne peut pas voyager sans la permission de son «tuteur», qui se réfère généralement à son père ou à un autre parent masculin plus âgé. L’autorisation devrait être enregistrée au tribunal, mais l’homme ne serait pas tenu d’accompagner la femme pendant le voyage. Le libellé de la décision impliquait aussi qu’une femme mariée ne pourrait pas voyager sans l’approbation de son mari.
L’édit précisait également qu’un homme pouvait être empêché de voyager par son père ou son grand-père si cela causait un «préjudice grave». Mais l’homme n’aurait pas besoin de demander une autorisation préalable, et le parent devrait intenter une action en justice pour l’empêcher de voyager.
La décision ressemble aux lois sur la tutelle qui existaient en Arabie saoudite ultra-conservatrice, où les femmes étaient traitées comme des mineures nécessitant la permission d’un mari, d’un père ou même d’un fils pour demander un passeport et voyager à l’étranger. Le royaume a assoupli ces restrictions en 2019.
Hassan al-Jojo, chef du Conseil judiciaire suprême, a déclaré à l’Associated Press que la décision était « équilibrée » et conforme aux lois islamiques et civiles. Il a rejeté ce qu’il a appelé « le bruit artificiel et injustifié » sur les médias sociaux à propos de cette décision. Il a justifié cette mesure en citant des cas passés où des filles avaient voyagé à l’insu de leurs parents et des hommes avaient laissé leurs femmes et leurs enfants sans soutien de famille.
Israël et l’Égypte ont fermé les frontières de Gaza depuis que le Hamas a pris le pouvoir en 2007. Selon Israël ces restrictions sont nécessaires pour isoler ce groupe terroriste, qui a mené trois guerres avec le pays, et pour l’empêcher d’acquérir des armes. Le passage de Rafah avec l’Égypte, n’ouvre que sporadiquement. Les restrictions font qu’il est difficile pour les gens de rechercher des soins médicaux ou des études supérieures en dehors de l’étroite bande côtière.
La décision a suscité de nombreuses critiques sur les réseaux sociaux, où beaucoup ont accusé le Hamas de faire reculer les droits des femmes alors même que l’Arabie saoudite avait assoupli ses restrictions, notamment en autorisant les femmes à conduire. Le Parti du peuple palestinien, un petit groupe de gauche, a appelé le Hamas à revenir sur sa décision.
Zainab al-Ghunaimi, une militante qui dirige à Gaza un groupe pour les droits des femmes, a déclaré que cette décision contrevient à la loi fondamentale palestinienne, qui accorde des droits égaux aux adultes, et que cela signifie que les autorités «reculent dans la protection des droits humains». Elle a noté que le même organe juridique permet à une femme de se marier à 16 ans et d’obtenir elle-même des documents de voyage.
Le Hamas n’a pas imposé le genre d’interprétation sévère de la loi islamique défendue par d’autres groupes armés, tels que le groupe État islamique et les talibans en Afghanistan. Mais il a pris des mesures limitées pour appliquer les mœurs conservatrices du territoire, notamment l’imposition d’un code vestimentaire islamique aux avocates et aux lycéennes.
Le Hamas n’est pourtant jamais inquiété par les organismes de contrôle des droits humains, que tout comme l’Iran il bafoue quotidiennement….deux poids, deux mesures, encore et toujours…
Line Tubiana avec ynet
Quelle brillante avancée sociale et culturelle pour ce » peuple de paix » qui se dit opprimé. Retour vers le moyen-âge…