A Lyon, le cri d’alarme de Jean Lévy, enfant caché et rescapé de la Shoah

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Depuis 25 ans, Jean Lévy, enfant caché, rescapé de la Shoah, a fait de la transmission aux jeunes, un principe de vie. Mais le devoir de mémoire est actuellement sur pause, à cause de la crise sanitaire. Une situation qui inquiète le délégué régional de l‘association des Fils et filles des déportés juifs de France. Car le temps presse…

Cela faisait 25 ans qu’il n’avait pas manqué le rendez-vous. 25 ans, durant lesquels, année après année, Jean Lévy, délégué régional des Fils et filles de déportés juifs de France, enfant caché, rescapé de la Shoah, a organisé les voyages des collégiens vers Auschwitz. 25 ans, durant lesquels, année après année, ce militant de la mémoire a entrepris de témoigner devant les élèves de la barbarie nazie pour que nul n’oublie jamais.

La crise sanitaire et le Covid ont mis son devoir, entre parenthèses. L’Éducation nationale, saluant son « engagement indéfectible », juge en effet que «la situation sanitaire actuelle, fluctuante, ne permet pas de nous mobiliser sur des actions mémorielles auprès des établissements ».

« L’histoire de la Shoah répond à un devoir civique »

Une position qui inquiète Jean Lévy. Rien ne devrait empêcher, selon lui, que le devoir de mémoire ne s’opère. À l’inspecteur d’Académie, il a écrit : « Grâce à la solidarité de la majorité des Français, restés fidèles à la République et, malgré l’étreinte de Vichy et les persécutions nazies, j’ai survécu, comme les 75 % de mes compatriotes et étrangers de confession juive (83 % en Rhône-Alpes). Quel exemple extraordinaire de fraternité, d’entraide pour les jeunes générations qui laissera dans l’histoire et la mémoire collective, une trace indélébile. Faites en profiter vos élèves pendant qu’il est encore temps. »

Le temps qui passe et nous prive des derniers témoins : la réalité est là. À Lyon, les derniers survivants ne se comptent plus que sur les doigts d’une main. Installé avec son épouse à la Croix-Rousse, Jean Lévy en fait partie. Il a 87 ans et l’homme, ami du couple Klarsfeld, a passé presque la moitié de sa vie à rechercher la vérité, à faire entendre la voix des survivants. A commencer par la sienne.

« On ne doit pas oublier. Car demain, on peut retrouver cela, l’actualité nous le prouve régulièrement. C’est pourquoi je suis tellement attaché et engagé à transmettre auprès des jeunes générations. L’histoire de la Shoah répond aussi à un devoir civique. »

« Oui, il y a eu Vichy mais je fais partie des 250 000 juifs sauvés »

Devant les élèves, l’homme, militant de la mémoire, raconte son parcours de petit garçon juif, né dans le Haut-Rhin, en 1933, dans une famille unie autour du père, patriarche exceptionnel. Il a 6 ans lorsqu’ils sont contraints à l’exil : l’errance, au milieu de la débâcle, les mène, à l’été 1940, presque par hasard, jusqu’à Saint-Amour (Jura), où la population, le maire en tête, accepte de les cacher. Et de les protéger.

Il dort avec son frère Jean, habillé et chaussé, prêt à fuir les hommes de Klaus Barbie et Werner Knab, le patron de la Gestapo en Rhône-Alpes. Il sait ce qu’il a à faire. 1944. La situation s’aggrave et les arrestations se multiplient à Lyon et les environs. Son père décide de les faire passer, tous les deux, en Suisse.

Départ précipité à Aix-les-Bains où ils sont pris en charge par l’OSE (œuvre de secours aux enfants) qui les conduit à bon port. Après trois mois dans un camp de Suisse, ils sont installés dans une maison d’enfants. Ils survivent. Ainsi que toute sa famille.

Dans son message aux jeunes, Jean Lévy, infatigable, enseigne ce que fut la doctrine nazie, comment les Juifs et les Résistants furent traqués dans la Région Rhône-Alpes, emprisonnés à Montluc, conduits vers Drancy, fusillés ou déportés vers les camps de la mort.

Mais surtout, il leur dit comment beaucoup survécurent grâce au soutien de la population. « Je veux que les jeunes comprennent que leurs grands-parents et arrière-grands-parents ont fait des choses admirables. Oui, il y a eu Vichy mais je fais partie des 250 000 juifs sauvés.

Que serait-on devenu si les gens ne nous avaient pas aidés. C’est une manière de leur dire que s’ils veulent aujourd’hui lutter contre le fascisme et l’antisémitisme, il ne tient qu’à eux. » Et le message n’attend pas.

Source lyon.plus

3 Comments

  1. Oui il y a eu des français de tous bords qui on aides des juifs ,,,,, de France mais moi qui est vécu en Tunisie je l ai vu ,,,, un peu mais cette occasion n a pas eu lieu d être accompagné par les tueurs nazis’ l ingrédients était déjà formaté sur place l Europe des colabos était déjà formé et surtout très actif ,,,,, ma deuxième vie en France était une réplique et cette vie horrible qui nous a obligée de vivre cacher Artois et toujours et jusqu’à demain en Israël ,,,,,?levy

  2. Si les voyages vers Auschwitz dont interdits pour l’instant, il faut néanmoins continuer à raconter l’ Histoire et le Souvenir avec les moyens modernes:zoom, facebook….et par capsules, venir parler aux lycéens et autres jeunes.
    Et transcrire/enregistrer/filmer tous les témoignages.
    La corona doit nous ramener à l’essentiel:la transmission et le contact directs.

    Honneur aux survivants qui font honneur à ceux qui n’ont pas eu cette chance…

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