Dans la région de Tel-Aviv, l’Autorité des antiquités a mis la main sur des milliers d’objets anciens. Trois suspects ont également été arrêtés.
L’opération ressemble à un film d’aventures. Plusieurs mois d’une enquête de longue haleine, une action synchronisée menée à la pointe du jour par les forces conjuguées de la Police, de l’Autorité des antiquités et de l’administration fiscale israélienne, une poignée d’entrepôts cernés et, enfin, les trouvailles tant espérées : des cratères, des kylix grecs à figures rouges, des fragments statuaires, des ex-voto romains en terre cuite, des poteries peintes, des têtes ouvragées, du lapidaire funéraire, des pierreries incrustées en bijoux, des bustes finement ciselés, de la monnaie ancienne à perte de vue et même jusqu’à une colonne torsadée munie de son chapiteau… C’est peu dire que l’Autorité des antiquités a raflé le gros lot.
Cet important coup de filet minutieusement préparé s’est déroulé ce lundi dans la région de Tel-Aviv, au centre d’Israël, et a livré aux mains des enquêteurs des milliers d’antiquités les plus diverses, provenant non seulement du pourtour du bassin méditerranéen – Grèce, Italie, Afrique, Levant – mais aussi d’Amérique du Sud. La valeur estimée de cet ensemble foisonnant de pièces saisies dépasserait les dix millions de shekels (environ 2,55 millions d’euros).
«Nous avons été étonnés de découvrir dans les entrepôts et les maisons des suspects des milliers d’objets qui mériteraient d’être exposés dans les musées, y compris de nombreuses trouvailles rares datant du premier millénaire av. J.-C. au 11ème s. après J.-C.», a déclaré Amir Ganor, le directeur de l’Unité de prévention des vols au sein de l’Autorité des antiquités israélienne. Il s’agirait de l’une des plus importantes opérations de ce type à ce jour en Israël.
La majeure partie de ces antiquités proviendraient du pillage de tombes et de nécropoles. L’Autorité des antiquités d’Israël a annoncé collaborer avec Interpol et d’autres organismes internationaux afin d’identifier les différents sites de provenance du matériel retrouvé.
Le trafic des bien culturels en plein essor
Malgré le coup porté aux trafiquants et l’heureuse découverte de ce trésor, la perte historique qu’elle représente est d’ores et déjà un coup dur pour les spécialistes, l’intégralité du matériel ayant été arraché du contexte archéologique nécessaire à sa compréhension.
Ces dernières années ont vu une explosion spectaculaire du trafic illicite d’antiquités et de biens culturels en tout genre, alimenté par la multiplication des fouilles clandestines, le développement du commerce numérique, l’instabilité de certaines régions (Syrie, Libye, Yémen, Irak) et – en Europe – la résurgence de la précarité liée aux conséquences économiques de la crise du Covid-19.
Compte tenu de sa situation géographique, Israël est aujourd’hui une importante plaque tournante dans le domaine du trafic international de biens culturels et d’antiquités. Ce dernier figurait en 2020 au troisième rang en termes de volume, derrière le trafic de drogue et celui des armes.
Simon Cherner