Israël : vaccination à marche forcée contre le Covid

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En moins de 15 jours, Israël a vacciné un million de personnes, ce qui place le pays au premier rang mondial pour le ratio de vaccination. Le gouvernement israélien a commencé les achats de vaccins dès le mois de juin dernier alors que les essais cliniques n’étaient pas terminés.

Itzhak n’en revient pas. Son rendez-vous pour se faire vacciner contre le Covid 19 à Jérusalem a été fixé à 21h30 ! Le jour J, au dispensaire de vaccination, il y a beaucoup de monde mais peu d’attente ; après dix jours de fonctionnement, les équipes sont déjà rodées. « C’est une vraie ruche », raconte-t-il.

Au premier jour de la vaccination dans le pays, le 20 décembre, les centres téléphoniques des caisses de Sécurité sociale ont été pris d’assaut. Treize jours plus tard, en ce 1er janvier 2021, Israël a déjà vacciné près d’un million de personnes, soit un tiers des personnes de plus de 60 ans, ce qui aura un impact important sur le nombre de cas graves et de mortalité des patients atteints du Covid 19. Résultat, Israël est, pour le moment, le pays qui a le meilleur ratio de vaccination pour 100 habitants, soit 9,18 d’après le site Our World in Data.

Le gouvernement israélien a lancé une campagne de vaccination à marche forcée pour sauver les plus vulnérables et permettre à l’économie de reprendre son cours normal. Ainsi, l’emblématique Place Itzhak Rabin à Tel Aviv, où le Premier ministre a été assassiné en 1995, accueille un dispensaire ponctuel avec 20 postes de vaccination.

D’après un sondage publié mi-décembre, 63 % des Israéliens étaient prêts à se faire vacciner, mais 39 % d’entre eux préféraient attendre de voir comment les choses se passeraient. Pour convaincre les plus hésitants, la pédagogie a surtout consisté à donner l’exemple : responsables politiques, vedettes du showbiz et présentateurs de télévision se sont fait vacciner face aux caméras, à commencer par le Premier ministre Benjamin Netanyahou.

Israël aurait payé plus cher pour être servi plus vite

Par ailleurs, les caisses de Sécurité sociale ont envoyé des messages SMS à tous leurs patients, âgés de plus de 60 ans ou à risque pour, qu’ils fixent un premier rendez-vous. Même la communauté ultra-orthodoxe a joué le jeu alors qu’une partie de cette population avait largement négligé les consignes du confinement. Face au défi de la vaccination de masse, le fait d’être un pays jeune et petit de 9,3 millions d’habitants, est un atout ; le nombre de vaccins nécessaires pour protéger toute la population est limité. Par ailleurs, le gouvernement israélien a pris contact avec les laboratoires très en amont.

D’après certains, Israël aurait payé plus cher pour être servi très vite. Dès le mois de juin dernier, alors que les essais cliniques sont loin d’être achevés, un contrat est signé avec Moderna pour l’achat de deux millions de doses et un contrat supplémentaire de 4 millions de doses a été conclu le 6 décembre.

Le médecin-chef de Moderna est né en Israël

Le médecin-chef de Moderna, Tal Zaks, né en Israël, a alors déclaré au quotidien Jerusalem Post, qu’Israël serait parmi les premiers servis. Et mi-novembre, Israël achetait à Pfizer 8 millions de doses, pour 237 millions de dollars d’après le quotidien Yediot Aharonot. Le Premier ministre, Benjamin Netanyahou a suggéré qu’Albert Bourla, président et directeur général de la société américaine Pfizer, « fier de ses origines juives grecques », n’était pas indifférent à Israël. Le premier lot de vaccins Pfizer, livré le 9 décembre, a été accueilli à l’aéroport par Benjamin Netanyhou comme une personnalité de premier plan.

Au total, Israël a donc acheté 14 millions de doses, ce qui permettra de vacciner 7 millions d’individus, autrement dit la quasi-totalité de la population vaccinable – sont exclus les moins de 16 ans qui n’ont pas fait partie des essais cliniques et ceux qui ont déjà contracté le virus et sont, en principe, immunisés.

Trois bémols : le taux de vaccination est inférieur parmi les Arabes israéliens ; le niveau de contamination continue d’augmenter malgré le troisième confinement mis en place le 27 décembre avec près de 6.000 cas par jour – ce qui équivaudrait à 41.000 cas à l’échelle française ; et enfin, le pays pourrait faire face à une rupture d’approvisionnement en vaccins Pfizer. Cependant, il se pourrait que Moderna puisse livrer ses vaccins dès janvier au lieu du mois de mars initialement prévu, ce qui éviterait de suspendre la vaccination durant une quinzaine de jours.

Par Catherine DUPEYRON 

Source lesechos