Après la dissolution automatique du Parlement mardi soir – faute du vote du budget de l’État dans les délais légaux – les Israéliens retourneront aux urnes le 23 mars 2021 pour leur quatrième scrutin législatif en moins de deux ans. À cause du mode de scrutin proportionnel, aucune majorité homogène ne semble possible.
Le Parlement israélien (la Knesset) compte 120 députés élus lors d’un scrutin proportionnel de liste à un tour. Les partis recueillant plus de 3,5% des voix sont représentés. Ce mode de scrutin oblige à des alliances parfois contre-nature comme la dernière, entre Benyamin Netanyahou et son rival Benny Gantz, opposés lors des trois derniers scrutins. Ce « gouvernement d’urgence anti-corona » installé en mai dernier a donc buté mardi soir sur la question du budget. Les Israéliens voteront pour leurs députés dans trois mois alors que plusieurs clivages se superposent et forment une équation à plusieurs inconnues : droite-gauche, laïcs-religieux, Juifs-Arabes mais surtout pro-anti Netanyahou. Le positionnement par rapport au Premier ministre à la longévité inégalée en Israël est devenu plus important que les questions économiques, sociales, sécuritaires, religieuses ou sanitaires. Revue des forces en présence.
Benyamin Netanyahou
71 ans, Likoud (droite nationale)
Premier ministre de 1996 à 1999 et sans interruption depuis 2009. Contesté par des milliers de manifestants tous les samedis soirs depuis six mois, il doit être jugé à partir du mois de février pour corruption. « Je n’ai pas peur de nouvelles élections », déclare celui que les Israéliens surnomment « Bibi » ou bien encore « le magicien » pour son ingéniosité à marginaliser et torpiller politiquement ses rivaux politiques, y compris quand ils ont choisi de siéger dans une coalition avec lui. Si l’on en croit les derniers sondages publiés par les médias israéliens, il est en tête des intentions de votes même si une majorité des personnes sondées le rendent responsable de cette nouvelle élection et rejettent sa gestion de la pandémie. Ses derniers succès diplomatiques pèseront lourd dans la balance : normalisation diplomatique avec 4 pays arabes, et ouverture évidente vers d’autres pays, dont l’Arabie Saoudite.
Gideon Saar
54 ans, Tikvah Hadasha « Nouvel espoir » (droite nationale)
Ancien ministre de Netanyahou chargé de l’Éducation et de l’Intérieur. La semaine dernière, il a quitté le Likoud et démissionné du Parlement en dénonçant le « culte de la personnalité » du Premier ministre qu’il juge populiste et démagogique. Cet ancien député incarne une droite nationale traditionnelle à la façon des anciens Premiers ministre Menahem Begin ou Yitzhak Shamir, respectueuse de la Justice et de la Cour suprême mais aussi plus dure à propos du conflit israélo-palestinien. L’irruption de ce nouveau mouvement a provoqué des turbulences dans le système politique israélien. Plusieurs cadres du Likoud ont annoncé qu’ils le rejoignaient.
Naftali Bennett
48 ans, Yamina « la droite » (droite nationale religieuse)
Député et ancien ministre de la Défense de Netanyahou. Il est très populaire chez les colons juifs de Cisjordanie. Ancien ministre de Netanyahou, il a refusé l’alliance avec Bleu Blanc et fustige depuis la gestion de la crise sanitaire. Depuis deux ans, il fait le yoyo dans les sondages et dans les élections successives. Il reste à savoir s’il restera allié à l’ancienne ministre de la Justice et ancienne membre du Likoud Ayelet Shaked, une laïque très populaire au sein de la droite nationale religieuse.
Avigdor Liberman
62 ans, Yisrael Beitenou « Israël notre maison » (droite nationale laïque)
Ancien directeur de cabinet puis ministre de la Défense de Netanyahou. Leur détestation réciproque d’aujourd’hui est à la hauteur de leur complicité d’autrefois. Né en Moldavie à l’époque soviétique, Liberman a longtemps été le candidat « des Russes » tenant un discours anti-Arabes d’une extrême violence. Aujourd’hui, il dénonce surtout la menace que font peser les Juifs ultra-orthodoxes sur la cohésion de la société israélienne et la façon dont Netanyahou exerce le pouvoir. Après les élections d’avril 2019, il a rompu avec ce dernier provoquant les législatives de septembre 2019 puis mars 2020.
Yair Lapid
57 ans, Yesh Atid « Il y a un futur » (centre gauche laïc)
L’actuel chef de file officiel de l’opposition a longtemps été l’un des journalistes vedettes de la télévision israélienne. Lui aussi a été déçu par Benyamin Netanyahou dont il avait été le ministre des Finances en 2013-2014. Allié à Benny Gantz au sein du mouvement Bleu Blanc, il a rompu avec lui en refusant la coalition avec Netanyahou en mai 2020, le jugeant discrédité par son procès pour corruption et son alliance avec les partis religieux juifs ultra-orthodoxes.
Benny Gantz
61 ans, Bleu Blanc (centre droit laïc)
Après avoir été chef d’État major de l’armée israélienne sous Netanyahou, il s’est engagé en politique contre ce dernier, dénonçant sa corruption et sa pratique personnelle du pouvoir. Après l’avoir mis en difficulté aux scrutins de 2019, il a accepté en mai 2020 ce qui semblait impensable : former avec Netanyahou un gouvernement de coalition au nom de la lutte contre le coronavirus où il exerce les fonctions de « co-Premier ministre » chargé de la Défense. Mais depuis, ce gouvernement s’est illustré par ses atermoiements, son manque d’anticipation et de lisibilité dans la gestion de la pandémie. Le ralliement de Benny Gantz a scindé Bleu Blanc et durant ce temps, ni lui ni son collègue Gaby Ashkenazi, ministre des Affaires étrangères, n’ont été tenus au courant par Netanyanou des « normalisations » en cours avec les Émirats, Bahreïn, le Soudan et le Maroc. Repartira-t-il aux prochaines élections ? L’ensemble de la presse israélienne le juge discrédité.
Les partis religieux juifs ultra-orthodoxes
Shass (séfarade) et Judaïsme Unifié de la Torah
Totalisant habituellement une quinzaine de députés à chaque scrutin, ils ont appartenu à toutes les coalitions conduites par Netanyahou et sont traditionnellement comptabilisés dans le « bloc de droite ». Mais ces députés ont déjà soutenu des gouvernements de gauche par le passé. Pour eux, l’essentiel est que leurs revendications (subventions pour les communautés, allocations familiales, respect du shabbat dans le pays, autonomie des écoles religieuses…) soient respectées.
La gauche en déshérence
L’historique parti travailliste (celui de Ben Gourion, Golda Meir, Yitzakh Rabin, Shimon Peres, Ehud Barak…) a choisi de participer au gouvernement sortant de Benyamin Netanyahou. Le 25 août 2019, son leader Amir Peretz affirmait pourtant qu’il ne le rejoindrait jamais et preuve de sa détermination, il avait rasé son épaisse moustache noire qu’il arborait depuis 47 ans. Mais en mai 2020, toujours glabre, il devenait ministre de l’Économie. Aujourd’hui, certains sondages créditent les travaillistes de zéro député aux prochaines élections alors qu’ils en avaient conquis 24 en 2015. Quant au mouvement Meretz que l’on pourrait qualifier de « colombe », il est demeuré constant dans son opposition à Benyamin Netanyahou et dans son ouverture vis à vis des Palestiniens. Tout au plus avec quelques sièges pourra-t-il parachever une coalition anti-Bibi d’inspiration laïque.
La liste arabe unifiée sur le point d’exploser ?
À partir de 2015, les différents partis arabes ont décidé de se présenter ensemble et sont devenus la troisième force du pays avec 15 sièges dans la dernière Knesset. Associant des candidats d’extrême-gauche laïcs, des nationalistes laïcs et des islamo-nationalistes, la liste est aujourd’hui mise en péril par Mansour Abbas. Ce député islamo-conservateur se présente comme « ni de droite ni de gauche mais représentant de la société arabe israélienne prêt à collaborer avec tous les partis de gauche, de droite, ultraorthodoxes, religieux ou laïcs ». Ainsi a-t-il travaillé main dans la main avec le gouvernement Netanyahou à propos sur le développement économique des localités arabes et les questions de sécurité intérieure. En Israël, les Arabes représentent 70 % des victimes d’homicides alors qu’ils ne représentent que 20 % de la population.
C’est compliquer en Israel, j’ai des amis des deux cotés, que pour certains j’ai connus à Paris, c’est vrai aussi que Bibi est aux manettes depuis longtemps, les risques de magouilles dont il est accusé, sont un peu flous et pour l’instant pas de condamnations, je pense , mais je ne vis pas là bas qu’il serait souhaitable de lui signifier que ce sera la dernière élection pour lui, afin qu’il puisse terminer son travail qui est assez bon !