L’histoire de Linoy Ashram, l’israélienne championne d’Europe de GR

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À 21 ans, l’Israélienne Linoy Ashram a du mal à réaliser qu’elle a remporté l’Euro, dimanche à Kiev et continue d’écrire l’histoire de la gymnastique rythmique dans son pays.

« Je réalise, et en même temps pas du tout, que je suis maintenant championne d’Europe. C’était super d’entendre l’hymne israélien, d’avoir été capable d’élever notre drapeau… » À peine venait-elle d’être sacrée championne d’Europe à Kiev, ce dimanche, une récompense inédite pour une gymnaste israélienne, que Linoy Ashram (21 ans) a exprimé ses premières impressions.

« Je suis heureuse d’avoir réussi dans cette compétition. Je me sentais prête et j’ai tellement attendu le moment de renouer avec la compétition », ajoutait la jolie brune, sacrée en l’absence des Russes à l’issue d’une saison vierge. Jusqu’à l’ultime rotation, elle a dû repousser les assauts de la Biélorusse Alina Harnasko (19 ans), qui finit en argent mais avec le même total de points. « Je savais ce que j’avais besoin de réaliser, mais j’ai essayé de ne pas penser à l’enjeu, plutôt à comment faire. Finir à égalité de points(avec Harnasko),ce n’est pas quelque chose qui arrive tous les jours. »

Après six médailles d’argent et trois de bronze décrochées aux Mondiaux, ce titre est une juste récompense pour Linoy Ashram. Une gymnaste au talent incomparable et l’une des rares depuis trois ans à pouvoir rivaliser avec les Russes.

Quand on demande à l’Israélienne de se définir, la réponse fuse : « Je pense que je suis très forte. Et têtue. Je suis née dans une maison où on nous a appris à avoir des objectifs. Je suis donc perfectionniste. Et si quelque chose ne fonctionne pas, je le referai cent fois jusqu’à ce que je réussisse. Je n’abandonne jamais. »

Depuis l’âge de six ans, Linoy Ashram a dédié sa vie à la gymnastique rythmique. L’enfant de Rishon LeZion, dans la banlieue de Tel-Aviv, était hyperactive. Sa mère a fini par l’inscrire dans un club, pour l’occuper à la sortie de l’école. Et la brunette s’est prise de passion pour la GR, attirée par les paillettes des tenues… et l’esprit de compétition.

Après la promesse d’une médaille de bronze européenne chez les juniors, Linoy Ashram a basculé chez les seniors en 2015. Deux ans plus tard, elle décrochait deux médailles de bronze européennes (cerceau et massues), deux autres aux Jeux mondiaux (2e aux massues, 3e au cerceau), avant d’écrire l’histoire de son pays en devenant la première Israélienne à s’inviter sur un podium mondial au concours général (3e derrière les jumelles russes Averina), alors qu’avant elle, seule Neta Rivkin avait décroché une breloque mondiale (3e au cerceau en 2011).

« Linoy possède d’hallucinantes capacités », salue d’ailleurs Rivkin, qui ne doute pas que son héritière sera, aussi, la première Israélienne à obtenir une médaille olympique aux Jeux de Tokyo. « Je ne veux pas y penser trop tôt, mais c’est vrai que c’est mon objectif », avoue Ashram, petit gabarit au style unique.

Depuis ses débuts avec Elena Kopylenko et Ayelet Zussman, entraîneur et chorégraphe qu’elle considère comme ses « autres » mères, Linoy Ashram a développé sa propre personnalité. « J’ai un style très rapide, ce que je trouve plus joli et plus amusant », sourit-elle. Excellente corporellement, elle joue surtout avec les engins, invente des difficultés d’une incroyable complexité sans jamais brader la relation musique-mouvement.

Aucun élément n’est superflu avec elle, chaque variation nous porte dans un nouvel univers. Il lui arrive de modifier un enchaînement entre les qualifications et la finale « pour que les juges restent en alerte et ne se fixent pas une note dans leur tête avant que (je) ne commence ».

Dans la liste des meilleurs sportifs de tous les temps d’Israël

Si elle a souffert d’une grave blessure au genou avant les Championnats d’Europe de 2017, elle s’était alors infligé quatre à six heures de rééducation, en plus de ses séances technique. « Linoy est d’une volonté inébranlable, apprécie Ayelet Zussman. Même quand elle n’est pas au mieux et qu’elle nous montre ses yeux de chat, on peut être convaincu qu’elle saura vite se transformer et retrouver son oeil du tigre. »

Comme tous les jeunes adultes de son pays, elle partage son quotidien avec son service militaire obligatoire, où elle endosse un rôle de secrétaire administrative. Mais elle dispose d’une aura singulière. « Le truc le plus cool, dit-elle, c’est que beaucoup me connaissent maintenant, on parle de moi dans les médias, j’ai davantage de sponsors. Et, pour l’anniversaire d’Israël, quand a été publiée la liste de nos 70 sportifs de tous les temps, j’ai eu le privilège de voir que j’y figurais et, même, que je suis la plus jeune. » Un privilège qui en appelle décidément d’autres.

Source lequipe