C’est par un hommage à Kirk Douglas, une légende du cinéma américain, le menton à fossette le plus célèbre d’Hollywood, décédé le 5 février dernier, à l’âge de 103 ans, que s’est ouvert le 46ème Festival de Deauville.
Empêché par la crise sanitaire de traverser l’Atlantique, c’est par une vidéo enregistrée que Michael Douglas s’est exprimé pour, au nom de toute sa famille, remercier le Festival et la France de rendre pareil hommage à son père : « C’était non seulement un acteur formidable, a-t-il déclaré en substance, mais aussi un homme exceptionnel ».
De son vrai nom , Issur Danielovitch Demsky, cet enfant né en 1916 dans une famille pauvre ayant fui l’antisémitisme russe, c’est grâce à des bourses qu’il a pu entreprendre ses études et partir à New York suivre des cours d’art dramatique, et grâce à la lutte qu’il s’est forgé un caractère. Il devient Kirk Douglas dans les années quarante, en débutant au cinéma, notamment dans La Griffe du passé de Jacques Tourneur. C’est à l’affiche de « Champion », en 1949, où il tient précisément un rôle de lutteur, qu’il prend conscience de ses capacités de comédiens pour la première fois.
Très vite, raconte son fils, il monte sa propre boîte de production et signe avec « Spartacus » un premier coup d’éclat, non seulement d’un point de vue cinématographique mais aussi parce qu’il marque son engagement contre le maccarthysme et sa fameuse liste noire d’Hollywood.
Michael Douglas se souvient alors d’avoir eu la chance de travailler avec lui dans cette société de production, notamment sur « Vol au-dessus d’un nid de coucou » dont il avait acheté les droits du livre. Et de se souvenir de ce que son père répondait aux journalistes qui, à la fin de sa carrière, lui demandaient quel était son film préféré : « On travaille aussi dur à ses succès qu’à ses échecs » avait-il répondu.
Ou encore cette anecdote que Michael Douglas se plaît à nous faire partager : « Il a tourné cinq ou six films avec Burt Lancaster. Et celui-ci disait toujours de mon père combien c’était avec lui qu’il était le plus difficile de tourner. Et d’ajouter : « C’est bien vrai, je suis d’accord » !
En 1991, il sort miraculé d’un accident d’hélicoptère survenu en Californie. Il a alors commencé à réfléchir au sens de sa vie et s’est lancé dans un programme intensif d’étude de la Torah avec de jeunes rabbins, revenant ainsi au judaïsme.
Puis, en 1996, Michael Douglas se rappelle l’AVC dont son père a été victime, perdant alors l’usage de la parole. « Il parlait bien le français, une langue qu’il avait apprise avec sa seconde épouse (NDLR : Anne Buydens, une Belge francophone) ». Après avoir frôlé la mort pour la seconde fois, en 1999, à l’âge de 83 ans, il célèbre pour la deuxième fois sa Bar Mitzvah : l’acteur explique que, dans la tradition juive, un homme a vécu sa vie à 70 ans. « Par conséquent j’ai de nouveau 13 ans »
Enfin, Michael Douglas souligne le côté philanthrope de son père. Bien que souvent présenté comme le type le plus coriace qui soit, vainquant de hordes de Romains, de Vikings et d’autres méchants, Kirk Douglas avait la main sur le cœur, donnant des fonds ici pour des hôpitaux spécialisés dans le traitement d’Alzheimer, là pour des terrains de jeux dans des quartiers défavorisés de Los Angeles et de Jérusalem.
Ceux qui n’ont pas eu la chance d’assister à l’hommage rendu vendredi soir à Kirk Douglas, pourront toujours le revoir sur grand écran dans Kirk Douglas l’indompté d’Hubert Attal.
Source sudinfo