Le procès des attentats de janvier 2015 à Charlie Hebdo, Montrouge et l’Hyper Cacher commence mercredi 2 septembre. « Que justice soit faite », réclame la communauté juive du quartier du supermarché, porte de Vincennes.
Le coffre rempli, à la sortie du supermarché tristement connu de la porte de Vincennes, une cliente et habituée depuis des années attend beaucoup du procès des attentats de janvier 2015. « Que l’antisémitisme soit réellement reconnu. Que justice soit faite. Qu’elle soit vraiment faite, avec toutes les retombées que ça peut apporter derrière », réclame-t-elle avec force.
Le procès de cette série d’attaques, de Charlie Hebdo à l’Hyper Cacher en passant par Montrouge, commence mercredi 2 septembre et va durer jusqu’au 10 novembre. La mère de famille attend des explications de la part des accusés, même si le mal est fait, et s’attend à quelques semaines difficiles émotionnellement.
« Évidemment, les choses remontent à la surface, et malheureusement ça ne s’oubliera jamais. C’est comme Ilan Halimi (affaire du gang des barbares) ça ne s’oubliera jamais. Plein de choses ne s’oublieront jamais. Parce que c’est là. Parce que ça fait mal de se dire dans un pays laïc et qu’on ne peut pas vivre librement », témoigne encore une cliente, habituée de l’Hyper Cacher.
Ce fameux 9 janvier 2015, Jacob Dery s’en souvient parfaitement. Il se rappelle de chaque instant, chaque sensation. Il gère la boucherie, juste en face de l’Hyper Cacher. « On était barricadés à l’intérieur. Il y avait les soldats qui entouraient le magasin. On ne pouvait pas sortir. On est restés trois ou quatre heures à l’intérieur », évoque-t-il.
Un procès pour comprendre le motif
Jacob Dery espère, lui aussi, que le procès va faire avancer la vérité. « Il faut bien qu’on sache pourquoi ça a été fait, pourquoi ça s’est passé comme ça, et connaître exactement la réalité des choses, si c’était par racisme ou autre chose. On verra ce que la justice décidera. »
Pour tout le monde dans ce quartier, pour la communauté juive de la porte de Vincennes, ce procès représente une étape importante : l’occasion de reparler des problèmes de sécurité, d’antisémitisme. Mais pour le rabbin de la synagogue de Vincennes, Marc Krief, ce n’est pas qu’un problème de religion, mais bien de société : « Je n’aime pas parler de la communauté juive, je préfère parler la communauté française. Je souffre tout autant d’un attentat qui ne touche pas à un juif, dès l’instant où l’on touche à un homme. »
« La problématique, c’est qu’on puisse attenter à l’humain. Je regarde ce procès comme n’étant pas un procès juif. Je regarde ce procès comme étant la problématique de l’État qui doit répondre par l’outil de la justice à cette haine de l’autre », ajoute Marc Krief.