La vague de protestation contre « Bibi », soupçonné de corruption, s’intensifie. Dans l’attente de son procès, en janvier, le Premier ministre fait bloc.
Face à la vague grandissante des manifestations contre lui, Benyamin Netanyahou est en mode offensif. Après avoir qualifié les protestataires d’«anarchistes», il est encore monté en puissance, lors du conseil des ministres de ce dimanche : «Leur objectif est en fait de piétiner notre démocratie.» Autre accusation : le mouvement de protestation est un incubateur à coronavirus (ce qui n’est pas prouvé). Puis, sans coup férir, le voilà qui s’en prend violemment aux médias : «Ils ne couvrent pas les manifestations, ils y participent. Ils les attisent.» Une attaque en règle dans la droite ligne d’un tweet posté par le Likoud la veille au soir alors qu’une manifestation monstre se déroulait, place de Paris à Jérusalem, près de la résidence du Premier ministre – 15 000 participants selon des observateurs, 30 000 selon les organisateurs.
Dans ce tweet, le parti du Premier ministre accusait les chaînes de télévision de relayer « la propagande des manifestations de la gauche anarchiste », tout en ajoutant : « On tente désespérément de faire un lavage de cerveau au public afin de renverser un Premier ministre de droite fort. » À qui ces messages sans équivoque sont-ils destinés ? À l’électorat de droite pour le mobiliser et qu’il vienne grossir les rangs des contre-manifestants ? Pour qu’il vienne en masse lui exprimer son soutien ? Jusqu’à présent, ce n’est pas le cas. Seulement quelques dizaines de militants du Likoud ont fait leur apparition. Même les colons brillent par leur absence. Ou bien, autre hypothèse, « Bibi » n’est-il pas tout simplement en train de préparer le terrain en vue de sa prochaine campagne électorale ?
Des quatrièmes élections en un an et demi ?
Si l’on en croit les unes des principaux médias israéliens – chaînes de télé, radio, quotidiens –, les prochaines élections, les quatrièmes en un an et demi, pourraient arriver très vite. On parle même de novembre prochain. Si cela est avéré, la raison officielle en sera la querelle budgétaire qui oppose le chef du gouvernement à son coéquipier et Premier ministre d’alternance, Benny Gantz. Une querelle qui ne porte pas sur la teneur du projet, mais sur son calendrier.
Jusqu’à présent, le projet de budget 2020 n’a toujours pas été voté. Benyamin Netanyahou a décidé qu’il ne serait valable que pour les derniers mois de l’année. Alors que Benny Gantz s’en tient aux accords de coalition, soit un budget sur deux ans, 2020-2021. À l’heure qu’il est, aucun des deux n’a l’intention de plier. Problème : si la loi budgétaire n’est pas entérinée d’ici à la fin août, la Knesset, le parlement, se dissout automatiquement et le pays va aux élections trois mois plus tard. Pour le président de Bleu-Blanc, cela pourrait signifier la fin de sa carrière politique. On ne voit pas comment il pourrait rétablir, en si peu de temps, la confiance de ses électeurs, dont une grande partie s’est sentie trahie lorsqu’il a accepté l’union nationale.
Le procès de « Bibi », début janvier
Et, pour Benyamin Netanyahou, qu’en est-il ? Eh bien, en cas d’élections en novembre, il gagnera un temps précieux. Entre le début de la campagne électorale et la formation du nouveau gouvernement, il se déroule en règle générale plusieurs mois. Une période pendant laquelle le Premier ministre reste à la tête d’un gouvernement de transition. Une aubaine pour Netanyahou, qui pourra ainsi se présenter comme chef de gouvernement à son procès début janvier, les audiences se déroulant au rythme de trois par semaine. Reste une question : malgré la pandémie, la crise économique, et des sondages en baisse — moins dix points à ce jour –, son parti aura-t-il retrouvé des couleurs grâce à une campagne véhémente contre les centristes, la gauche, les partis arabes, les juges, les médias, les anarchistes ? On connaît ses talents de compétiteur qui font de lui le champion hors pair des campagnes électorales. « Le magicien », comme l’appellent ses fans.
À moins que… la magie n’opère plus. En cause, son échec patent dans le traitement de la seconde vague de l’épidémie, la grave crise économique que traverse le pays (21 % de chômeurs), son procès pour corruption, la menace de nouvelles enquêtes contre lui, l’énorme participation des jeunes de 25 à 35 ans dans les manifestations. Ils sont là pour des raisons politiques : la démocratie, l’avenir du pays, leur avenir, et pas seulement comme lors de l’été des Indignés, en 2011, pour lutter contre la vie chère, les loyers qui flambent. Tout cela fait dire à certains éditorialistes qu’aller aux élections pour faire retomber la vague des manifestations n’est peut-être pas la meilleure des stratégies. Nahum Barnéa, du quotidien de droite Yediot Aharonot, constate : « À en juger par l’enthousiasme d’hier (samedi soir 1er août), place de Paris à Jérusalem, par la colère, la joie, la soif de changement, il n’est pas certain que ce soit le bon pari… » D’autres analystes sont, au contraire, persuadés qu’en attaquant les médias le Premier ministre pourrait, comme lors du vote de 2015, de nouveau gagner la mise. Pour l’heure, le gouvernement d’union nationale survit tant bien que mal.
Par Danièle Kriegel
C’est un feuilleton cette affaire, depuis deux ou trois ans, j’entend et je lis que bibi est un voleur etc…, mais il faut le prouver et ensuite le mettre à la retraite, mais ça traine car il manque un dossier et puis après c’est encore une affaire dans l’affaire, franchement ce n’est pas tenable pour un pays comme Israël !
Ce n’est pas sérieux !