Cécile Reims, résistante et rescapée de la Shoah est morte à 92 ans

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Artiste, écrivaine et résistante, Cécile Reims, née Tsila Remz, est décédée hier, à 92 ans. Elle laisse derrière elle une œuvre et une vie d’une grande richesse.

Une grande dame de l’histoire s’est éteinte, hier matin. Cécile Reims, née Tsila Remz le 25 octobre 1927  en Lituanie est décédée à l’âge de 92 ans dans sa maison de La Châtre, où elle était installée depuis 1985 avec son compagnon Fred Deux. Ce dernier, célèbre dessinateur et écrivain, est mort en 2015.

Sa jeunesse, Cécile Reims la passe dans le village lituanien de Kibarty, au sein d’une famille juive. À 6 ans, elle arrive en France, à l’aube de la Seconde Guerre mondiale. « Déjà, l’antisémitisme était fort en Europe de l’est, alors son père lui a fait quitter la Lituanie », raconte Vanessa Weinling, directrice du musée George-Sand, à La Châtre.
Mais alors qu’elle est adolescente, Cécile Reims est frappée par la guerre. « Elle a échappé de peu à la rafle du Vel d’Hiv’, en 1942. Mais en 1946, elle a découvert que sa famille lituanienne avait été massacrée. » Elle s’engage alors dans la résistance et entre dans l’Organisation juive de combat.

L’horreur de la guerre lui fait prendre les armes dans l’armée clandestine juive, avec laquelle elle gagne la Palestine, en 1946, pour participer à la libération d’Israël. Là-bas, elle contracte la tuberculose, « une maladie contre laquelle elle a lutté jusqu’à sa mort », souligne Vanessa Weinling, qui emploie une jolie formule en l’évoquant : « Une combattante pour la vie, au sens propre comme au figuré. »

Retour en France et premiers pas avec l’art. Elle devient l’élève du maître graveur Joseph Hecht et se passionne pour cet art pratiqué au burin. Elle trouve dans la pratique de la gravure au burin une ascèse et un mode d’expression. Lors de l’année 1950 paraît le recueil Psaumes.« Plus que le terme d’art, elle aimait beaucoup celui d’artisanat, ça lui correspondait bien. » 

Un couple en symbiose avec Fred Deux

En 1951, une rencontre va bouleverser la vie de Cécile Reims. Celle de Fred Dreux, avec qui elle partage l’art du dessin, de l’écriture et du combat dans la Résistance. Ensemble, ils s’installeront dans l’Indre, par hasard, dans les années 1970, d’abord à Crevant, puis à La Châtre, et formeront un couple fusionnel, créant en continu. D’ailleurs, Cécile Reims sera longtemps connue pour son travail de gravure, dans l’ombre d’œuvres d’autres artistes tels qu’Hans Bellmer, Leonor Fini, Salvador Dali et, bien sûr, Fred Deux. Et puis il y a eu la période du tissage, où Cécile Reims crée pour les plus grands couturiers, avant de revenir, quelques années plus tard, à la gravure. Et quand elle ne burine pas, elle écrit. Cinq livres paraîtront, de 1963 à 2014.


À partir de 2012, Cécile Reims arrête la gravure et s’occupe de son compagnon malade. Le 17 janvier 2013, Cécile Reims a reçu des mains de la ministre de la Culture et de la Communication, l’insigne de chevalier de l’ordre de la Légion d’honneur.

Cécile Reims et Fred Deux ont fait don d’une grande partie de leurs œuvres au musée Saint-Roch d’Issoudun, un établissement qui a beaucoup fait pour rendre visible le travail du couple dans le Berry.

Le nom de Cécile Reims a aussi une dimension internationale, et ses œuvres sont visibles à la Bibliothèque nationale de France de Paris, au musée Jenisch de Vevey (Suisse), et au musée d’art et d’histoire du judaïsme de Paris, notamment.

Avec lanouvellerepublique