« Maison des ami.e.s » en hébreu, Beit Haverim est lancé à une époque où les personnes homosexuelles étaient invisibilisées au sein de la communauté juive, en 1977. L’objectif y est alors très clair : réunir les juif.ve.s gay et lesbiennes dans un espace safe. Aujourd’hui, l’association LGBTQI+ et Juive continue à véhiculer ces valeurs. Son président, Alain Beit, fait le bilan des actions menées.
En quelques mots, quels sont les objectifs de Beit Haverim ?
Nous accueillons nos membres (hommes, femmes, trans, intersexes, non-binaires, gay, lesbiennes, hétéros, bi, etc.) de tous âges et générations comme s’il étaient de notre propre famille, afin qu’ils puissent profiter des temps forts de l’association : le chabbat, Pessah (la pâque juive) notamment.
En parallèle, nous faisons entendre notre voix auprès des institutions religieuses et de la communauté LGBTQI+ afin de lutter contre les a priori religieux et identitaires.
Ça fait plus de 40 ans que Beit Haverim existe. Qu’est-ce qui fait que l’association continue à être ?
Nous sommes une association militante qui évolue avec son temps et avons, de fait, une culture, une histoire, une expérience. Sans compter que Beit Haverim est la plus ancienne association LGBTQI+ après David et Jonathan, lancée cinq ans plus tôt que nous.
Durant les précédentes décennies, notre association était surtout ancrée dans le milieu LGBTQI+. Mais, depuis 10 ans, nous nous sommes davantage rapprochés du milieu juif.
De s’impliquer dans une association à vocation religieuse et identitaire n’est-il pas difficile ?
Oui. La religion est un sujet sensible pour les LGBTQI+, et inversement avec les institutions religieuses. D’un côté, les associations LGBTQI+ vont dénoncer les discriminations que les croyances perpétuent, certaines d’entre elles attaquent même Israel de pinkwashing. De l’autre, de nombreux représentants religieux se cachent derrière la bible pour faire des déclarations LGBTphobes telles que « abominations » ou « sodomites ».
Après, tou.te.s n’ont pas rejeté la religion et, dans le même temps, s’épanouissent dans leur orientation sexuelle (ou leur identité de genre, ndlr). Nous avons tou.te.s nos sensibilités, acceptons des choses et en dénonçons d’autres. C’est ce que je fais chaque jour auprès des rabbins, des croyants et des militants associatifs.
En ce sens, considérez-vous votre association comme étant à la croisée des chemins ?
C’est tout à fait ça. On représente le défi de la diversité dans la religion et dans toutes les communautés, comme celle LGBTQI+.
Chaque année pendant la marche des fiertés, notre char, représenté avec une étoile de David aux couleurs du drapeau arc-en-ciel, est énormément suivi et fait parler de lui. On est un symbole de réconciliation de ce qui est irréconciliable.
Les projets et les interventions menés jusqu’à maintenant vont-ils donc dans la continuité de cet état d’esprit ?
Effectivement. Nous voulons être visibles et facilement identifiables pour nourrir le débat, humaniser nos actions. De cette manière, on peut faire avancer les choses, en montrant que, même si notre orientation sexuelle/identité de genre est différente, nous sommes tous pareils.
Avez-vous un dernier message ?
Aimons-nous, apprenons-nous à nous connaître, dépassons nos a priori. Ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous sépare.