En Israël, un déconfinement sous surveillance

Abonnez-vous à la newsletter

En Israël le déconfinement a débuté progressivement la semaine dernière. D’autres restrictions sont levées à partir de ce dimanche.

Avec un bilan assez peu élevé (200 morts sur 8,5 millions d’habitants, ce samedi) Israël a réussi son confinement. Il lui reste maintenant à ne pas rater son déconfinement. Dimanche dernier, les kiosques de loterie ont rouvert et les salariés en télétravail sont revenus doucement au bureau, notamment dans les start-up et la high-tech, essentielles pour l’économie israélienne. Selon le gouvernement, le pays est passé de 85% de salariés travaillant à domicile à 70%. Les mariages et les circoncisions sont autorisés avec dix personnes au maximum, espacées de deux mètres. Le port du masque est obligatoire en extérieur à partir de 7 ans, sous peine de 50 euros d’amende.

Distanciation, prise de température, masques, gants…

À partir de ce dimanche 26 avril en Israël, les restaurants peuvent rouvrir mais seulement pour proposer des plats à emporter, il est impossible de s’asseoir pour consommer. Les commerces peuvent également relever le rideau mais en respectant les distances dans les boutiques, en organisant les files d’attente dehors, en désinfectant les lieux et si possible en prenant la température des clients à l’entrée. Les employés des salons de coiffure et de beauté devront porter masque et gants. Le non-respect de ces consignes entraînera une amende de 500 euros.

Personne ne sait ni ne comprend pourquoi, à commencer par les petits commerçants de Mahane Yehuda, le grand marché de Jérusalem-Ouest, très oriental, populaire et branché. Leur shouk (le marché, en hébreu) est toujours fermé. Ces commerçants, déçus et vexés, ont donc manifesté ce dimanche matin, une trentaine d’entre eux encouragés par quelques riverains ont organisé un concert de casseroles. Mahane Yehuda est pourtant considéré comme un fief du Premier ministre Netanyahou qui y passe pour un bain de foule avant chaque élection. C’est un signe de l’exaspération qui monte en Israël.

Encore des inquiétudes

Les propriétaires des kiosques du Mahané Yehuda à Jérusalem ont protesté contre l’interdiction de reprendre leurs activités tandis que nombre de magasins ont été autorisés à rouvrir leurs portes, en marge de l’épidémie de coronavirus. « Je soutiens les commerçants et je suis entièrement de leur côté », a déclaré le maire de la capitale, Moshe Leon. « J’espère que le gouvernement approuvera bientôt la réouverture du Mahané Yehuda, qui représente une source de revenus pour des centaines de familles à Jérusalem », a insisté le maire, promettant « de ne pas abandonner les commerçants » dans cette bataille.

Avant la pandémie, le taux de chômage ne dépassait pas les 3,5% en Israël mais il a bondi à 25% aujourd’hui. Il est même de 70% dans la station balnéaire d’Eilat, au bord de la mer rouge.

Les services de sécurité ont donc anticipé des émeutes et mis la police en alerte. Les autorités israéliennes s’inquiètent également d’une deuxième vague épidémique. Voilà pourquoi, dans ce pays où 18% des habitants sont musulmans, les célébrations du Ramadan sont très encadrées avec des mosquées toujours fermées. Par ailleurs, certains quartiers peuplés de juifs ultra-orthodoxes à Beth Shemesh (centre) et Netivot (sud-ouest) sont bouclés par la police depuis car le nombre de malades du coronavirus s’est envolé après la Pâque juive fêtée il y a deux semaines.

Le gouvernement israélien espère concilier reprise économique et santé publique mais n’hésitera pas à « revenir en arrière » si nécessaire. En cas de reprise massive des contaminations, les restrictions des dernières semaines seraient de nouveau promulguées. D’ailleurs, mercredi 29 avril jour de la fête de l’Indépendance, Israël sera placé sous couvre-feu pour éviter les déplacements et rassemblements de foule. Le pays s’est fixé un objectif majeur : la réouverture des écoles le 3 mai prochain.

Avec franceinter