Durant mon confinement, j’écume internet à la recherche de bonnes lectures, je suis tombée sur ce blog « Les lectures de la Diablotine » et ce livre « Au nom de ma mère ». Merci à La Diablotine!!
Nous sommes en 2012. Felicity vient de terminer ses études de médecine. Elle s’apprête à quitter Seattle pour rejoindre une ONG en Afghanistan sauf que voilà, elle va recevoir un coup de fil qui va la faire changer de trajectoire et de destinée… Son père lui apprend que sa mère a disparu. Ni une, ni deux, Felicity saute dans le premier avion pour l’Italie car la carte bancaire de sa maman, Martha a été localisé à Rome. C’est dans ce pays que la demoiselle va découvrir le passé de sa famille maternelle. Parce que si Martha s’est enfuie, c’est pour découvrir son passé familial, le passé de sa mère qui vient de mourir. Dans les affaires de cette dernière se trouvait une longue lettre de Deborah…
Nous allons faire un voyage dans le passé de Deborah, la grand-mère de Felicity. Nous allons aller en 1933, faire la connaissance de Gustav et d’Elisabeth, les arrières-grands-parents de Felicity qui pensent quitter l’Allemagne car la montée de l’antisémitisme leur fait peur d’autant plus que ce dernier est juif… Après le putsch raté de Hitler en 1923, ils ont très bien compris la dangerosité de cet homme. A plusieurs reprises, ils ont dû reporter leur idée d’exil dans un pays sûr mais en 1938, c’est le bon moment pour se faire la belle ! Gustav va partir le premier sauf que voilà, leur plan ne va pas se passer exactement comme ils avaient prévu… Elisabeth va devoir se sacrifier pour protéger leurs enfants. Plus tard, c’est Deborah, leur fille qui reproduira le schéma maternel pour sauver son frère…
Cette fresque familiale m’a énormément touché ! La description des liens qui unissent chaque membre de cette famille est magnifique et touchante. Gustav est un homme touchant qui accepte de bonnes grâces les excentricités de son épouse qu’il aime de tout son cœur, une chanteuse de renom. Elisabeth est un personnage excentrique certes mais très pragmatique, elle va savoir s’adapter aux changements et faire preuve de beaucoup de courage quand il le faudra. Deborah saura se montrer digne de ses parents durant la guerre. Peu avant sa majorité, elle est entrée dans un piège dont elle ne pourra s’en sortir. Malheureusement, elle le comprendra beaucoup trop tard. Il se trouve qu’elle est très proche des nazis qui s’apprêtent à exterminer des milliers de personnes. Elle décide donc d’adapter ses choix de vie pour devenir une résistante. Autant vous dire que certains passages du livre peuvent heurter la sensibilité des lecteurs, ce qui a été parfois mon cas. Certaines scènes de tortures m’ont fait froid dans le dos. Deborah a affronté de terribles situations et a dû prendre des décisions qui lui ont déchiré le cœur et son âme mais qui l’ont aussi marquée dans sa chair, au plus profond d’elle-même…
L’auteur nous relate une fresque familiale sur quatre générations de femmes fortes de 1920 à de nos jours avec beaucoup d’émotions et d’intensités. Hanni Münzer a su entremêler l’Histoire à son histoire ; elle n’a pas fait dans la dentelle, elle n’a pas pris des moments très joyeux mais c’est une nécessité. Elle a réussi à nous raconter les faits sans tomber dans le mélodrame ou le glauque ; elle a accentué son travail sur la psychologie des personnages pour mon plus grand bonheur.
La plume de l’auteur est riche, émotive, intense, forte, percutante. Le fait qu’elle se soit inspirée de personnes ayant réellement existé pour faire son roman, donne une grande dimension à son récit/témoin. A la lecture de ce livre, prenez garde à ne pas y laisser des plumes parce que vous pouvez me croire, on ne ressort pas indemne de cette lecture.
Tout ça pour vous dire que ce roman est bien plus qu’une banale histoire familiale où les femmes sont hors du commun ; l’auteur a réussi à nous raconter son histoire à travers l’Histoire avec brio. Je vous encourage vivement à découvrir cette petite pépite !