Sheindi Miller-Ehrenwald avait 14 ans lorsqu’elle a été déportée à Auschwitz avec sa famille. Le journal qu’elle a secrètement tenu et longtemps gardé caché est exposé depuis le 23 janvier dans un musée berlinois.
Un journal que Sheindi Miller-Ehrenwald, qui a aujourd’hui 90 ans, a “conservé au péril de sa vie” et “gardé caché pendant trois quarts de siècle”, jusqu’à ce que des journalistes du quotidien allemand Bild la convainquent de le rendre public. Son contenu est exposé depuis jeudi 23 janvier à Berlin, au Musée de l’histoire allemande, dans le cadre du 75e anniversaire de libération d’Auschwitz.
En mars 1944, la jeune fille vit dans la petite ville hongroise de Galánta, et la Wehrmacht “vient d’envahir la Hongrie”, rappelle le quotidien allemand. Quelques semaines plus tard, le 12 juin 1944, la famille de Sheindi doit monter à bord d’un wagon dont la destination est Auschwitz, comme plus de 400 000 Juifs hongrois au printemps 1944.
“Là où le journal d’Anne Frank s’est arrêté”
Les nazis y assassinent ses parents, ses grands-parents et plusieurs de ses frères et sœurs. “Sheindi survit”, ajoute Der Tagesspiegel. La jeune fille a “réussi à garder avec elle les pages froissées de son journal”, écrit en hongrois, qu’elle a complétées sur des fiches de l’usine d’armement Diehl, où elle a travaillé à partir de l’été 1944.
Son journal commence “là où le journal d’Anne Frank s’est arrêté”, a déclaré Thomas Jander, un des commissaires de l’exposition du Musée de l’histoire allemande, cité par le Wall Street Journal.
Le quotidien new-yorkais rappelle que le journal d’Anne Frank s’interrompt lorsque sa famille est arrêtée à Amsterdam et déportée à Auschwitz, tandis que celui de Sheindi Miller-Ehrenwald, “raconte ce qui s’est passé après son arrivée au camp”.
Conservé pendant près de 70 ans dans un placard de sa cuisine à Jérusalem, où elle a émigré après la guerre, le journal “offre un compte rendu saisissant de la déportation vers Auschwitz”, observe le Wall Street Journal. Pour Der Tagesspiegel, la force de l’exposition du Musée berlinois vient de ces “témoignages personnels”, placés “à côté de documents des nazis”.
Le Wall Street Journal ajoute que c’est la résurgence de l’antisémitisme en Europe qui a poussé Sheindi Miller-Ehrenwald a accepté de rendre ses écrits publics. “Quand j’écrivais mon journal, ma plus grande peur était qu’un Allemand le lise. Aujourd’hui, 76 ans, plus tard, ma plus grande joie et que des Allemands le lisent.”