L’ancien golden boy avait déjà écopé de cinq ans de prison en 2017 dont deux ferme pour blanchiment de fraude fiscale dans le dossier « France Offshore », et aurait récidivé avec « Fidusuisse-Offshore ».
Blanchiment de fraude fiscale en bande organisée, association de malfaiteurs, exercice illégal de la profession de banquier, escroquerie, abus de confiance… La liste des chefs de mise en examen dans le dossier « Fidusuisse-Offshore » visant Nadav Bensoussan, 40 ans, surnommé le « roi de l’off-shore », est impressionnante. Elle l’a conduit cette semaine à la prison de la Santé à l’issue d’une longue enquête des policiers de la brigade fiscale de l’OCLCIFF (Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales).
« Le paradis fiscal pour tous » : c’est un peu la devise de ce jeune financier qui se lance dès le début des années 2000 sur le créneau de la démocratisation de l’offshore à l’intention du grand public fortuné. Pour quelques milliers d’euros, la société qu’il a fondée, France Offshore, propose à ses clients de constituer des sociétés dans des pays fiscalement avantageux (Panama, Hong Kong, Seychelles…). Optimisation fiscale selon lui. Incitation à la fraude fiscale selon la justice qui le condamne à 5 ans de prison, dont 3 avec sursis en 2017.
Bensoussan s’en sort avec un bracelet électronique. La banque lettone Rietumu, sur laquelle il s’était appuyé, avec une amende de 80 millions d’euros. Les magistrats avaient estimé à plus de 200 millions les sommes blanchies par France Offshore et à près de 700 les millions euros dissimulés au fisc. On retrouvait également dans ce dossier le cabinet d’avocat Mossack Fonseca, acteur principal du scandale des « Panama Papers » mais aussi quelques pointures de l’arnaque à la taxe carbone.
Nadav Bensoussan a été placé en détention provisoire
Après France Offshore, Fidusuisse Offshore? En 2015, un reportage de l’émission Cash Investigation rappelle Nadav Bensoussan aux bons souvenirs des policiers de la Brigade nationale de répression de la délinquance financière. Snobant la France, le golden boy a cette fois installé le siège de sa nouvelle société à Genève et ses bureaux de représentation à Bruxelles. La logistique est, elle, assurée depuis les pays de l’est. Une enquête préliminaire est ouverte mais il faut obtenir la coopération d’Eurojust pour mener en 2018 une série de perquisitions en Suisse, en Belgique mais aussi dans les pays baltes (on retrouve à Riga la Rietumu Banka), en Pologne (avec la banque néo-zélandaise Breder Suasso) mais aussi en Tchéquie.
« C’est le même principe qu’avec France Offshore, résume une source proche de l’enquête. L’officine participait à la création de sociétés offshore au Panama, à Hong Kong ou ailleurs, mais aussi à l’ouverture de comptes bancaires offshore avec obtention de cartes bancaires pour récupérer l’argent ». Les clients, français ou résidents français pour l’essentiel, cols blancs ou escrocs présumés à la taxe carbone, se comptent en dizaines et les fonds mis à l’abri en dizaines de millions de d’euros. Certains, dans l’impossibilité de récupérer leurs mises, ont d’ailleurs déposé plainte.
A l’issue de sa garde à vue, Nadav Bensoussan a été placé en détention provisoire, confirme une source judiciaire. Selon son avocat, Me Serge Kierszenbaum, il a indiqué n’avoir « rien à voir avec Fidusuisse ». La défense se plaint également de ne pas avoir eu accès au volet belge de l’enquête. Celui que l’enquête présente comme son « bras droit » à Paris, Mickaël B. a, lui, été placé sous contrôle judiciaire. « Mon client conteste toute participation aux faits qui lui sont reprochés », indique son défenseur Me David-Olivier Kaminski. Une information judiciaire, confiée à la juge Patricia Simon, vient d’être ouverte par le parquet national financier (PNF) pour poursuivre les investigations.