Strasbourg : un escape game à la synagogue pour faire revenir la lumière

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Toute la semaine, des bénévoles organisent un jeu d’échappatoire grandeur nature dans la grande synagogue de Strasbourg. Deux équipes de la communauté juive ont résolu les énigmes à la session de 14 h ce jeudi — mais les parties amusent et intéressent aussi les autres.

Les deux équipes sont au taquet. Depuis une salle de la grande synagogue de Strasbourg, ce jeudi, elles vont devoir faire gagner la lumière sur les ténèbres en résolvant des énigmes pendant une heure et quart. « Ici, c’est votre QG, vous pouvez y revenir quand vous voulez », l’un des organisateurs.

De chaque côté du vaste hall, sur un fond musical inquiétant, les joueurs auscultent le premier coffret à ouvrir — mais comment ? La famille Louy est la première à trouver un sens à cette histoire de « symboles dans les triangles ». Autour du papa, Stéphane, les trois enfants, de 22 à 28 ans, Bastien, Quentin et Raphaëla découvrent un plan de la synagogue découpé en cases. Il va les faire cavaler dans l’édifice pour trouver mots et chiffres qui ouvriront de nombreuses autres petites boîtes, jusqu’à l’identification de la sortie et la phrase finale à prononcer.

Le grand rabbin s’arrache les cheveux

Ils affrontent la famille du grand rabbin du Bas-Rhin himself , Harold Weill, qui, malicieux, annonce « J’ai apporté ma pince-monseigneur » — il s’arrache les cheveux pour ouvrir le coffret de départ, mais son équipe répartit bien les talents. Autour de lui jouent sa femme Eydel et leurs enfants Yeolidia et Betsalel, ainsi que son beau-frère Menachem, sa femme Adèle et leurs enfants Cohava et Netanel.


Il faut monter au mur d’Amira, l’un des oratoires, pour déchiffrer deux mots en s’aidant de la peinture. « On a le code », annoncent les enfants de Stéphane en redescendant. Il faut l’associer à deux autres sésames, mais où les récupérer ? « Faut pas aller là », les rattrape Shay, l’un des gardiens du jeu bénévoles, alors qu’ils inspectent un petit office technique, en contrebas du chœur.

Dans l’équipe du grand rabbin, c’est l’effervescence. Ils ont identifié la bonne sortie, mais il leur reste encore un peu de déchiffrage. « Du papier ! », réclame Ménachem, pendant qu’Adèle reconstitue le fil d’une histoire, sous le regard perspicace des enfants, ravis de ce parfum d’aventure.

« Plus que 25 minutes, ça devient critique ! »

« Plus que 25 minutes, ça devient critique », lâche Stéphane Geissmann d’une voix de stentor, tout en confiant à voix basse : « On les stresse un peu, ça fait partie du jeu ». Dan Leclaire et lui, aidés du rabbin Rebibo, ont mis au point les questions. L’entreprise A Maze In Live Escape Game , qui avait déjà œuvré à l’église Saint-Guillaume et à l’opéra, a apporté la technique et le matériel. Bientôt, à une dizaine de minutes d’intervalle, les deux équipes vont rejoindre en courant la tribune des femmes, en haut, pour récupérer la fiole d’huile, symbole du miracle de Hanouka. « Sensationnel ! », s’extasie en chœur l’équipe du grand rabbin, la première à faire revenir la lumière. « C’est hyper original, et très cérébral », apprécie celui-ci. Bien sûr, il a eu quelques avantages — lui n’a pas eu besoin, par exemple, d’aller compter les parachiot [les sections de la Torah] sur le tableau caché dans une armoire. Mais le sens logique lui semble beaucoup plus déterminant. « C’est comme quand on était gamin et qu’on faisait une chasse au trésor », savoure de son côté Stéphane Louy, aussi heureux que ses grands enfants à la sortie.

Source dna