Elle parle avec un accent des plus «british» et n’entretient quasiment aucun lien avec la France. Pourtant Tooba Gondal, surnommée la «marieuse de Daesh», est bien française. C’est pour cela que la Turquie envisage de l’expulser vers Paris.
Retenue aujourd’hui par Ankara, la presse britannique relaye régulièrement ses déclarations, laissant à penser que Tooba Gondal était une enfant du pays. «Les Britanniques ont peur, ils ne veulent rien avoir à faire avec nous. Mais ils le doivent. Nous ne pouvons pas rester pour toujours dans ces camps», affirmait encore récemment la jeune femme de 25 ans.
Mais si, depuis avril dernier, Tooba Gondal réclame son retour parmi les sujets de sa majesté, c’est sur les terres de la République française qu’elle devrait bientôt débarquer. Celle qui avait la charge d’attirer de jeunes musulmanes pour les marier à des jihadistes en Syrie figure en effet sur une liste de 11 personnes que la Turquie prévoit de renvoyer en France.
Fille d’un riche homme d’affaires et née à Paris
La raison : Tooba Gondal est née à Paris. De ce fait, elle est de nationalité française, et non britannique. Fille d’un homme d’affaires réputé, elle a cependant très peu de liens avec la France, qu’elle a quittée dès l’enfance pour s’installer en Grande-Bretagne.
Après des études à l’université Goldsmith de Londres, elle a rejoint les rangs de Daesh, en 2015. Installée à Raqa (Syrie), elle devait assurer la propagande du groupe terroriste sur les réseaux sociaux dans le but d’attirer de jeunes femmes crédules sur place, et les marier à des combattants.
La résidente britannique de nationalité française Tooba Gondal (Umm Muthanna al-Britaniyah), 25 ans, a rejoint l’#EI en 2015. Elle a contribué à recruter plusieurs adolescentes. Elle fait l’objet d’une interdiction de séjour des autorités britanniques depuis novembre 2018. pic.twitter.com/hAElyli6q5
— CAT (@CAT_Centre) November 12, 2019
Totalement acquise à la cause jihadiste, elle s’était réjouie des attentats de Paris sur Internet. Après la mort de son premier mari en martyr, Al Lubnani, un terroriste libanais, Tooba Gondal s’était remariée avec un terroriste pakistanais, qui a lui aussi fini par se faire tuer.
Capturée début 2019 par les forces kurdes, elle était détenue avec ses deux enfants dans le camp d’Aïn Issa (nord-est de la Syrie), désormais sous contrôle de la Turquie.
«Je regrette tout ce que j’ai fait»
«Je regrette tout ce que j’ai fait, et je veux rentrer au Royaume-Uni pour avoir une seconde chance de recommencer ma vie à zéro», implorait-elle encore en avril dernier.
Sauf surprise, sa demande devrait donc rester lettre morte et c’est avec trois autres femmes et leurs enfants, eux aussi visés par la mesure d’expulsion vers Paris, qu’elle devrait gagner la France. Et si la date de leur retour n’est pas fixée, elle serait, de sources concordantes, imminente.