Haïm Korsia « aimerait voir les parents » de la fille qui portait une étoile jaune

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Invité lundi d’Europe 1, le grand rabbin de France Haïm Korsia est revenu sur la polémique engendrée par le port d’une étoile jaune par un groupe de personnes lors de la marche contre l’islamophobie, dimanche à Paris. 

L’image a déclenché de nombreuses réactions indignées de personnalités de la communauté juive ainsi que de politiques. Dimanche, lors de la marche contre l’islamophobie, une photo largement relayée sur les réseaux sociaux montrait une poignée de manifestants, dont une fillette, au côté de la sénatrice écologiste Esther Benbassa, portant sur leurs manteaux une étoile jaune. Invité lundi d’Europe 1, le grand rabbin de France Haïm Korsia est revenu sur la polémique. « J’aimerais voir les parents » de cette jeune fille, « pour comprendre », a-t-il notamment indiqué.


« Il y a une tendance à vouloir exproprier les juifs de leur mémoire« , regrette-t-il au micro de Nathalie Lévy. Or, estime-t-il, « chaque génocide a quelque chose d’unique. Ce n’est pas le nombre de victimes qui fait l’horreur, mais la haine du bourreau« . Pour Haïm Korsia, « vouloir s’accaparer la mémoire des autres, c’est briser ce qui fait notre engagement dans la société ».

« Le relativisme est terrifiant »

« Il n’y avait aucune raison » de porter cette étoile jaune », martèle le grand rabbin de France, « et les gens qui l’ont fait le savaient pertinemment ». Par cette démarche, estime-t-il, la violence subie par les juifs pendant la Shoah est « relativisée ». « Dans notre société, le relativisme est terrifiant », ajoute-t-il. Et alors que la sénatrice Esther Benbassa estime que le fait « que nos contemporains stigmatisés s’identifient à ces souffrances passées est tout à fait compréhensible« , le grand rabbin rappelle que 2.500 mosquées existent aujourd’hui en France. « Ce sont vraiment des gens qu’on stigmatise ? », interroge-t-il.

« On ne peut pas utiliser la souffrance des Juifs comme on veut »

« Tous les manifestants n’avaient pas une étoile », reconnaît-il toutefois, « mais ce n’est pas pour autant négligeable ». « On ne peut pas utiliser la souffrance des juifs comme on veut, de manière permanente », dit-il encore, regrettant parfois « des outrances de langage, dont on ne perçoit pas la violence symbolique ».


Source europe1