Haïm Korsia à Rouen pour dévoiler une plaque portant le nom de 68 déportés oubliés

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Dimanche 6 octobre 2019, dans la synagogue de la rue des Bons-Enfants, une plaque portant le nom de juifs rouennais déportés, tués, puis oubliés a été dévoilée.

Sortis du néant des camps d’extermination allemands et de l’oubli : c’est le sort de Léon Salmanovitch, d’Hava Leizerovitch, de Jacques Zebaume et de 65 autres noms. Dimanche 6 octobre 2019, dans la synagogue de la rue des Bons-Enfants, en présence du grand rabbin de France Haïm Korsia, une plaque portant ces noms qui ne furent plus prononcés après 1945 a été dévoilée. Ils étaient tous Rouennais et sont tous morts lors de l’Holocauste.

« Comme si vous les rendiez à la vie »

C’est grâce au travail acharné d’une enseignante devenue historienne, Françoise Bottois, que ces noms ont surgi des profondeurs. Elle avait rencontré Denise Holstein, une Rouennaise déportée le 22 juillet 1944 à Auschwitz, a été saisie par son témoignage, et est devenue militante de la mémoire de la Shoah. C’est dans ce cadre qu’elle a commencé à éplucher en 2004 les archives et qu’elle découvre que toutes les victimes de ces déportations raciales n’ont pas été dévoilées. « En huit mois à Rouen, en 1944, 301 juifs ont été déportés, 80 % d’entre eux ont été assassinés », rappelle Marc Benhaïm, président de l’Association culturelle israélite de Rouen« Ils étaient de toute condition, de tous les âges puisque la plus jeune n’avait pas deux ans, le plus vieux en avait 83 », précise Françoise Bottois.

Mais quel sens à ce souvenir 75 ans après ? « C’est comme si vous les rendiez à la vie », dit à Françoise Bottois le grand rabbin de France Haïm Korsia. Faire de la déportation, de la Shoah, une mémoire vivante, « se considérer, chacun d’entre nous, comme sortis des camps, se faire les témoins des témoins qui disparaissent ».

Le responsable religieux le suggère : la prochaine étape après cette redécouverte de patronymes oubliés, c’est de raconter la vie de chacun de ces déportés pour que le devoir de mémoire s’accomplisse.

Benoît Marin-Curtoud

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