Il y a près de 80 ans, sous le gouvernement de Vichy, le village de Vabre, dans le Tarn, a caché et protégé de nombreux juifs. Le village des Justes regarde, inquiet, la montée de l’antisémitisme dans le pays en ce début d’année 2019.
S’il est un endroit en France où la mémoire de l’antisémitisme ne s’éteindra pas, c’est à Vabre, dans le Tarn. Désigné village des justes pour avoir dissimulé et protégé des juifs durant la seconde guerre mondiale, Vabre entretient cet héritage et cette fierté. Et ce d’autant plus en février 2019, alors que les actes antisémites augmentent de manière inquiétante.
« Je suis content d’être dans ce petit village où je me sens en sécurité », assure Elise Rothman d’Hauthuille, une Américaine de confession juive récemment installée à Vabre. La commune du Tarn a en effet la chance de ne pas être concernée par les profanations et dégradations à caractère antisémite qui ont marqué l’actualité récente.
Mais même sans cela, une ombre angoissante plane sur le pays, et inquiète jusque dans les ruelles de Vabre. « On n’est pas encore revenu aux années 1930, mais au moment où le lien social s’affaiblit, où les valeurs d’autorité sont remises en cause, il faut chercher un coupable, et souvent les juifs sont tout désignés pour », constate Michel Cals, historien, documentariste et auteur de « Catholiques et protestants de Vabre, Le rôle des Églises dans l’accueil et le sauvetage des Juifs durant l’Occupation ».
« Cela nous inquiète beaucoup, parce que toutes les horreurs ont été commises parce qu’il y a eu au départ des petits éléments, une montée progressive de l’antisémitisme, et c’est en train de recommencer », alerte Élise Rouzié, lauréate du concours national de la résistance et de la déportation. En 2018, le ministère de l’Intérieur a relevé 541 actes antisémites : c’est 74% de plus que l’année précédente.